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vendredi, 23 janvier 2015

Sanctions made in USA. Qui donc est le dindon de la farce?

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Sanctions made in USA. Qui donc est le dindon de la farce?

Auteur : Françoise Compoint
Ex: http://zejournal.mobi

Le 10 décembre dernier, la Libre Belgique publiait un article reprenant les estimations de Dmitri Medvedev quant aux pertes qu’avait déjà et qu’allait inévitablement essuyer l’UE suite, de un, aux sanctions infligées à la Russie, de deux, à l’embargo qu’elle introduit en réponse.

On se rappellera que lesdites sanctions avaient été présentées comme une réaction immédiate et nécessaire quoique regrettable à l’annexion de la Crimée et au soutien apporté à la rébellion du Donbass. Moins d’un an plus tard, on s’aperçoit que le dindon de cette éblouissante farce n’est pas vraiment celui que l’on croyait.

Initialement, l’hystérie médiatique qui accompagna le retour de la Crimée en Russie n’avait d’autre raison objective que la déception des USA d’avoir perdu un point de pivot stratégique donnant accès aux mers chaudes. Trop occupée à traiter ses problèmes internes, l’UE était plutôt à la traîne avant que Washington ne la convainc, avec une maladresse réservée aux dupes, que le même sort – un référendum démocratique faudrait-il croire ( ?) – serait réservé aux pays plus faibles, intégrés ou non à l’UE (et/ou à l’OTAN) qu’importe. Les pays Baltes avaient notamment été mentionnés comme les « prochaines cibles » de Poutine l’impérialiste. Le temps de réchauffer les élites politiques européennes et l’opinion publique à coups de dénaturations factuelles et de mises en garde hypocrites, de réanimer cet alarmisme paranoïaque hérité de la Guerre Froide, les médias en rajoutèrent une couche suite au crash du MH-17 le 17 juillet qui devait montrer à la communauté internationale le vrai visage de cette insurrection dite « pro-russe ». Aucun observateur présent lors du référendum en Crimée ne put ni même n’eut jamais l’envie de prouver que celui-ci se fit sous la contrainte. L’enquête esquissée autour de la tragédie du Boeing ne conduit à rien. Autant dire qu’elle restera sans suite. Néanmoins, les sanctions non seulement n’ont pas été levées mais ont motivé une troisième vague dite sectorielle dont l’UE pâtit autant que la Russie si ce n’est plus.

En effet, début décembre, les pertes avérées de l’UE s’élevaient à 40 milliards d’euros. Une perte plus importante de 50 milliards d’euros est prévue pour 2015 ce qui nous amène à 90 milliards d’euros de dommage pour cet organisme en crise profonde qu’est l’UE et la zone euro. Les pertes de la Russie sont estimées à quelques dizaines de milliards de dollars, constat qui sans être réjouissant montre toutefois que le sanctionnateur est à peu près dans la même posture fâcheuse que celui qu’il dit sanctionner. Remarquons bien que cela vaut pour l’UE !

Comme à toute chose malheur est bon, le Kremlin a vite fait bien fait saisi l’occasion. Profitant de la dépréciation du rouble – encore une facette des sanctions que l’on préfère passer sous silence car il faudrait alors analyser les véritables raisons de la chute du baril – il a racheté la quasi-totalité de ses actifs gaziers et pétroliers pour une somme dérisoire récupérant de la sorte près de 20 milliards de dollars en l’espace d’à peine quelques jours.

Mais il y a mieux ! Premiers promoteurs des sanctions antirusses, préoccupés par l’unité et la sécurité ô combien fragiles de l’UE, les USA ... ont augmenté de 23% leurs exportations vers la Russie alors donc que les exportations européennes ont chuté d’environ 10%.Quid des sanctions et des facteurs qui les auraient motivé ?

CQFD : l’Amérique a joliment berné le Vieux Continent en le coupant autant que possible de la Russie. Laissant aboyer, passez-moi ce vulgarisme, les élites politiques unionistes, ils n’ont pas arrêté le mouvement de leur caravane en diversifiant leurs échanges au détriment de cette UE dont Mme Nuland avait dit dans un style aussi peu élégant que clair ce qu’il convenait d’en faire. Pour autant, ce fameux traité transatlantique sur le libre-échange, finira-t-il par passer ? C’est certainement l’effet recherché. Entre autres.

En attendant, on s’aperçoit que la chaotisation de l’Ukraine n’est pas sans engendrer un processus similaire au coeur de l’UE. L’impact des sanctions est tel qu’il a contribué à diviser davantage encore eurosceptiques et euroconvaincus si bien que les contradictions déchirant initialement Kiev sont la tragique quintessence de celles qui déchirent à l’heure actuelle les élites politiques et les populations de l’UE.

Il en ressort que l’espace européen n’est rien d’autre dans le cas présent qu’un immense terrain d’affrontement économique entre la Russie et les USA tout comme l’Ukraine est un terrain d’affrontement, dans un sens hélas plus strict, entre l’hégémonie otanienne et le souverainisme westphalien du continent eurasiatique. Il faut arrêter de raisonner en termes de sanctions. Celles-ci ne sont qu’un symptôme très secondaire d’une guerre sans merci dans laquelle l’Europe s’implique avec une maladresse suicidaire sans vraiment pouvoir définir son rôle.

 - Source : Françoise Compoint

jeudi, 22 janvier 2015

La réponse d'Aymeric Chauprade à Marine Le Pen

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Exclusif. La réponse d'Aymeric Chauprade à Marine Le Pen

Marine Le Pen désavoue publiquement l'eurodéputé Aymeric Chauprade.

FN. « Pour des raisons juridiques, je vous demande de ne pas relayer la vidéo d’Aymeric Chauprade intitulée la France est en guerre, postée hier sur les réseaux sociaux. » L’ordre, intimé — par courrier — par Marine Le Pen aux cadres locaux du Front national, a surpris plus d’un militant.

Conseiller politique aux affaires étrangères de la présidente du Front national jusqu’à présent, l’eurodéputé Aymeric Chauprade, géopoliticien réputé, vient de subir son premier désaveu public. Soutenu par Jean-Marie Le Pen (« Le Front national n’est pas un parti stalinien où l’on est obligé de dire tout ce que dit Marine Le Pen ou Florian Philippot ») pour cette vidéo dans laquelle il dénonçait une « idéologie ressassée du “pas d’amalgame” » à la fois « fausse » et « dangereuse », Chauprade a malgré tout accusé le coup : « Je n’ai pas très bien compris que les foudres s’abattent sur moi », confie à Valeurs actuelles l’ancien professeur à l’École de guerre, déjà ciblé par Marine Le Pen pour avoir dénoncé fin décembre un « lobby gay » au FN.

« Ma vidéo était équilibrée » (« la France est en guerre avec des musulmans. Pas avec les musulmans, mais avec des musulmans », nuançait-il), poursuit Chauprade, pour qui « il est dommage d’en arriver là ». Selon l’eurodéputé, qui se dit « attaché à [s]a liberté d’expression, comme le sait Marine depuis le début », c’est « l’intérêt du Front national que de faire vivre ses différentes sensibilités ». Et de conclure : « Je suis venu au FN pour ça, pas pour la gamelle… » Un cadre minimise ces crises récurrentes sur la ligne du parti : « Un problème de croissance. »

Valeurs actuelles vous propose de regarder la vidéo d'Aymeric Chauprade, à l'origine de la polémique :

AFFAIRE CHARLIE : DISSENSIONS AU SEIN DE L'OTAN

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AFFAIRE CHARLIE : DISSENSIONS AU SEIN DE L'OTAN
 
Colère feutrée de Washington et rumeurs persistantes

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

L'ambiance au sein de l’OTAN mais aussi à Washington serait très vive sur les attentats liés à l’Affaire Charlie Hebdo. Des personnalités turques de premier plan viennent de jeter de l'huile sur le feu en accusant le Mossad israélien d'être les instigateurs des attentats. « Le Mossad est derrière les attentats de Paris », c'est ce qu'a en effet ouvertement déclaré le maire d'Ankara (AKP), Melih Gokcek. Ce n'est  ni un excité, ni un complotiste mais une personnalité turque de premier plan, de la majorité islamo-conservatrice du président Erdogan. Il en a donné l'explication et lié les attentats survenus en France « à la reconnaissance de l’Etat palestinien». 


Effectivement, si c'était le cas, il ne s'agissait pas de faire remonter la côte de popularité de François Hollande dont tout le monde à l'étranger se contrefout. Un autre notable turc, Ali Sahin, membre du Parlement turc et porte-parole du parti AKP a pour sa part indiqué qu’il soupçonnait que ces massacres aient été commis dans le but de « blâmer les musulmans et l’Islam». En Inde, le principal journal télévisé d'investigation , DNA , le plus regardé par des millions de téléspectateurs a exposé les deux versions officielles et non officielles des attentats du 7 janvier donnant particulièrement du relief au fait que les terroristes auraient pu être arrêtés vivants. Alors, s'agissait-il de donner ces victimes expiatoires à l'opinion publique ? Le plus surprenant dans ce journal indien mais on retrouve aussi la même chose dans des journaux latino-américains, c'est l'attention qui a été apporté par nos confrères étrangers au « suicide » du numéro 2 de la PJ de Limoges, Helric Fredou qui enquêtait sur Charlie hebdo. Ce commissaire était auparavant en poste dans la même circonscription que le Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qu'il avait longuement côtoyé dans sa fonction de commissaire central à Cherbourg...

 

En Russie, Komsomolskaya Pravda était un des rares journaux du pays à faire sa une avec une photo en pleine page de la marche républicaine du dimanche. Et ce titre, inscrit en rouge: "L'attentat à Paris a-t-il été organisé par les Américains?". 
Enfin à Washington, le ministre américain de la Justice Eric Holder a déclaré qu’il n’y avait pas d’information crédible attestant qu’Al-Qaïda ou que l’EI soient derrière les attentats de Paris : « A ce stade, nous n’avons pas d’information crédible qui puisse nous permettre de déterminer quelle organisation est responsable de ces attaques », a déclaré le ministre sur la chaîne de télévision américaine ABC. Le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, a également estimé dimanche sur la chaîne Fox News que le lien démontrant qu’Al-Qaïda avait pu conduire l’attaque contre le magazine satirique français Charlie Hebdo n’avait pas été établi. « Les frères Kouachi, accusés d’être les auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, étaient inspirés d’une certaine façon. Ils n’étaient pas auto-radicalisés (…) il y a une indication que l’un d’entre eux avait reçu un entraînement au Yémen. Mais s’agissant de savoir si (l’attentat) était conduit par Al Qaïda, je ne pense pas que le lien soit établi », a déclaré le général Dempsey. Rappelons qu'officiellement, l’un des frères Kouachi, Chérif, s’était revendiqué d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), tandis que l’auteur présumé de la prise d’otages de la porte de Vincennes Amedy Coulibaly s’était réclamé de l’EI.

mercredi, 21 janvier 2015

Charlie et le “retour” de Greenwald

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Charlie et le “retour” de Greenwald

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous parlons d’un “retour” de Glenn Greenwald, le héros avec Poitras et Snowden de la crise NSA/Snowden parce que, depuis à peu près un an, ce polémiste et homme de communication qui a été la cheville ouvrière de cette énorme crise n’est plus dans nos préoccupations, ni dans le domaine des informations qui nous importent, – que nous jugeons, pour notre compte, d’une importance suffisante pour suivre l’évolution de la crise générale d’effondrement du Système. Il y a eu deux raisons à l’effacement de Greenwald pendant ce laps de temps. (Nous écartons l’hypothèse toujours présente dans le soupçon permanent d’un montage général, d’un “complot” qui auraient constitué le matériel de “fabrication” d’une crise-bidon NSA/Snowden. Nous jugeons l’hypothèse décidément d’aucun intérêt pour notre propos, – inconnaissance regnante, – à partir du moment où les effets réels, gigantesques de la crise NSA/Snowden, ont effectivement eu lieu.)

• La première raison de “l'effacement de Greenwald” est que la crise majeure et fondamentale de l’Ukraine, avec ses multiples ramifications qui en font la crise haute centrale de notre évolution, a éclaté justement il y a près d’un an. Elle a pris le pas sur tout le reste, notamment sur la crise NSA/Snowden, et cela d’autant plus que le financier des nouvelles publications confiées au groupe Snowden/Poitras, Pierre Omidyar, se trouve dans une position très singulière dans la crise ukrainienne où il a financé certains groupes antirusses qui ont participé au Maidan.

• Justement, la deuxième raison se trouve dans certaines difficultés rencontrées par le groupe Greenwald/Poitras dans la constitution des sites divers du groupe FirstLook.org, dans la mesure de la position politique très ambiguë de Omidyar (un milliardaire à l’image excentrique et exotique d’antiSystème, et qui l’est en partie, mais toujours avec un pied solidement campé dans le Système, jusqu’au copinage avec Soros). Quoi qu’il soit de ces péripéties, Greenwald-Poitras, qui constituent pour Omidyar un énorme investissement en termes d’influence et de communication, ont obtenu gain de cause pour le site The Intercept, pour ce qui est d’une complète liberté éditoriale et d’un financement sérieux.

gg71QopTNqZmL.jpg... Et puis, voici que Greenwald réapparaît sur notre écran-radar (c’est-à-dire dans le champ de la communication que nous jugeons essentiel, pour suivre l’évolution de notre grande Crise Générale). Il s’agit bien entendu de la crise 1/7, ou l’“ouragan-Charlie” à partir de France. On comprend ce retour. Au centre du débat conceptuel de 1/7 se trouve la notion sacrée de “liberté d’expression”, brandie comme étendard de la grande manifestation de dimanche dernier à Paris, et cette notion est la raison d’être du chroniqueur, commentateur et guerrier de la communication qu’est Greenwald. Dans ce champ, Greenwald est quasiment de façon constante un agent antiSystème. C’est dans ce sens, et en prenant une position en flèche anti-Charlie, qu’il publie sur son site The Intercept deux artistes extrêmement incisifs, documentés, puissants, qui nous font penser qu’il est entré dans la bagarre et qu’il entend y tenir sa place.

• Le 9 janvier 2015, il publie «In solidarity with a free press: some more blasphemous cartoons». Greenwald attaque principalement Charlie-Hebdo, et au-delà la thèse-Système selon laquelle Charlie représente un parangon de vertu de “liberté d’expression” en arguant que cet hebdomadaire a suivi en réalité une ligne politique spécifique. La critique est classique et largement substantivée, qui va, pour les plus extrêmes, jusqu’à faire de Charlie-Hebdo tel qu’il est devenu depuis 9/11, avec une équipe où certains étaient conscients de la chose et d’autres moins sinon pas du tout, un représentant dissimulé de la tendance neocon-à-la-française. Greenwald met le doigt sur le principal argument de cette position : puisque Charlie s’est voulu un représentant radical de l’anti-religion (anti-cléricalisme), – ce qui implique toutes les religions, – pourquoi cette absence de caricatures antijuives à côté de la pléthore de matériels antimusulmans (et éventuellement anticatholiques) ?

«Defending free speech and free press rights, which typically means defending the right to disseminate the very ideas society finds most repellent, has been one of my principal passions for the last 20 years: previously as a lawyer and now as a journalist. So I consider it positive when large numbers of people loudly invoke this principle, as has been happening over the last 48 hours in response to the horrific attack on Charlie Hebdo in Paris.

»Central to free speech activism has always been the distinction between defending the right to disseminate Idea X and agreeing with Idea X, one which only the most simple-minded among us are incapable of comprehending. One defends the right to express repellent ideas while being able to condemn the idea itself. There is no remote contradiction in that: the ACLU vigorously defends the right of neo-Nazis to march through a community filled with Holocaust survivors in Skokie, Illinois, but does not join the march; they instead vocally condemn the targeted ideas as grotesque while defending the right to express them.

»But this week’s defense of free speech rights was so spirited that it gave rise to a brand new principle: to defend free speech, one not only defends the right to disseminate the speech, but embraces the content of the speech itself. Numerous writers thus demanded: to show “solidarity” with the murdered cartoonists, one should not merely condemn the attacks and defend the right of the cartoonists to publish, but should publish and even celebrate those cartoons. “The best response to Charlie Hebdo attack,” announced Slate’s editor Jacob Weisberg, “is to escalate blasphemous satire.” [...]

ggreat.jpg»When we originally discussed publishing this article to make these points, our intention was to commission two or three cartoonists to create cartoons that mock Judaism and malign sacred figures to Jews the way Charlie Hebdo did to Muslims. But that idea was thwarted by the fact that no mainstream western cartoonist would dare put their name on an anti-Jewish cartoon, even if done for satire purposes, because doing so would instantly and permanently destroy their career, at least. Anti-Islam and anti-Muslim commentary (and cartoons) are a dime a dozen in western media outlets; the taboo that is at least as strong, if not more so, are anti-Jewish images and words. Why aren’t Douthat, Chait, Yglesias and their like-minded free speech crusaders calling for publication of anti-Semitic material in solidarity, or as a means of standing up to this repression? Yes, it’s true that outlets like The New York Times will in rare instances publish such depictions, but only to document hateful bigotry and condemn it – not to publish it in “solidarity” or because it deserves a serious and respectful airing. [...]

»... To see how true that is, consider the fact that Charlie Hebdo – the “equal opportunity” offenders and defenders of all types of offensive speech - fired one of their writers in 2009 for writing a sentence some said was anti-Semitic (the writer was then charged with a hate crime offense, and won a judgment against the magazine for unfair termination). Does that sound like “equal opportunity” offending?»

• Deuxième intervention, le 14 janvier 2015, cette fois pour attaquer la décision des mesures légales prises contre l’humoriste Dieudonné, assimilé de facto dans ce cas à un “terroriste”, ou “collabo” des assassins de Charlie selon le terme élégant employé par Pascal Bruckner pour d’autres que Dieudonné. «France arrests a comedian for his facebook comments, showing the sham of the west’s “free speech” celebration», titre de l’article de Greenwald dont nous donnons quelques citations, y compris un paragraphe dont on ne peut se priver, qui représente le jugement de Greenwald sur BHL. (Un peu moins habile cette fois à tenir la première place qu’il a l’habitude de réclamer dans cette sorte d’occasion, – BHL commencerait peut-être, dans le dispositif-Système, à gêner ou à agacer par sa pétulance exceptionnelle à se considérer comme hors du commun terrestre, et puis l’âge est là n’est-ce pas. BHL s’avérerait-il finalement n’être pas l’être métaphysique que l’on croyait ?)

«Forty-eight hours after hosting a massive march under the banner of free expression, France opened a criminal investigation of a controversial French comedian for a Facebook post he wrote about the Charlie Hebdo attack, and then this morning, arrested him for that post on charges of “defending terrorism.” The comedian, Dieudonné, previously sought elective office in France on what he called an “anti-Zionist” platform, has had his show banned by numerous government officials in cities throughout France, and has been criminally prosecuted several times before for expressing ideas banned in that country.

gg51haWRCQnCL._SY344_BO1,204,203,200_.jpg»The apparently criminal viewpoint he posted on Facebook declared: “Tonight, as far as I’m concerned, I feel like Charlie Coulibaly.” Investigators concluded that this was intended to mock the “Je Suis Charlie” slogan and express support for the perpetrator of the Paris supermarket killings (whose last name was “Coulibaly”). Expressing that opinion is evidently a crime in the Republic of Liberté, which prides itself on a line of 20th Century intellectuals – from Sartre and Genet to Foucault and Derrida – whose hallmark was leaving no orthodoxy or convention unmolested, no matter how sacred.

»Since that glorious “free speech” march, France has reportedly opened 54 criminal cases for “condoning terrorism.” AP reported this morning that “France ordered prosecutors around the country to crack down on hate speech, anti-Semitism and glorifying terrorism”... [...]

»... Perhaps the most intellectually corrupted figure in this regard is, unsurprisingly, France’s most celebrated (and easily the world’s most overrated) public intellectual, the philosopher Bernard-Henri Lévy. He demands criminal suppression of anything smacking of anti-Jewish views (he called for Dieudonné’s shows to be banned, (“I don’t understand why anyone even sees the need for debate”) and supported the 2009 firing of the Charlie Hebdo writer for a speech offense against Jews), while shamelessly parading around all last week as the Churchillian champion of free expression when it comes to anti-Muslim cartoons.»

Une fois de plus, nous dirons que nous ne sommes pas là, selon les propres règles que nous nous donnons, pour prendre une position politique sur les problèmes concrets et brûlants qui sont exposés à leur stade actuel, qui restent nécessairement polémiques et donc sujets à des fluctuations. Notre engagement concerne ce qui est, – fondamentalement, accessoirement, accidentellement, paradoxalement, etc., – antiSystème et, par opposition naturelle, pour identifier la ligne-Système qui est interprétée par ses opérateurs, tout cela évoluant d’une façon le plus souvent fluctuante. Or, cette fluctuation justement, n’a jamais été aussi forte que dans cette crise-Charlie, notamment à cause de l’énorme potentiel d’ambiguïté et de contradiction interne entre la nécessaire “liberté d’expression” quasiment sacralisée, et la non moins nécessaire “lutte contre l’obscurantisme” qui a une forme extrême dans le terrorisme que tout le monde condamne mais qui a aussi et surtout des formes beaucoup plus imprécises, elles aussi ambiguës et paradoxales (lorsque la “lutte contre l’obscurantisme” peut être perçue par certains comme de l’islamophobie, par exemple absolument évident). Les interventions de Greenwald confirment que cet ensemble de constats qui forme la crise-Charlie à la fois de communication et de symbolisme a une dimension internationale considérable, et donc que la France occupe désormais une place privilégiée et significative dans la bataille Système versus antiSystème.

gg41CDnEXgXcL._UY250_.jpgPlus encore, l’intervention de Greenwald donne également une caution internationale au constat encore plus important que la crise-Charlie déchire directement une classe occupant une place fondamentale dans la bataille, – la classe réunissant le monde intellectuel, le complexe médiatique avec presse-Système et réseaux antiSystème, le showbiz et ses diverses ramifications. Tout ce monde d’influence, très puissant dans l’entité anglosaxonne globalisée mais également dans l’ensemble parisien-français où il dispose d’une réputation immémoriale, s’est déjà trouvé face aux contradictions classiques (“liberté d’expression”, “lutte contre l’obscurantisme”, attitudes vis—à-vis de l’immigration notamment musulmane et de l’islamisme extrémiste, etc.). Cette fois il y est confronté directement, au cœur même de ses débats quotidiens, de ses intérêts, de ses privilèges, de l’exercice de son influence, comme s’il devenait lui-même la ligne de front alors qu’il était jusque-là cantonné “à l’arrière” pour discutailler sans trop de risques. Lorsqu’un Pascal Bruckner traite de “collabos” des tueurs de Charlie un Guy Bedos ou un Luc Ferry, lorsque nombre de juifs français se montrent de plus en plus favorables aux thèses d’un Zemmour ou à l’orientation du Front National, on comprend que cette puissance caste d’influence sur laquelle s’appuie le Système est effectivement et désormais déchirée selon des lignes de fluctuation insaisissables et très mobiles, qui font passer en un clin d’œil, l’un ou l’autre d’une position-Système à une position antiSystème, sans qu’il l’ait voulu délibérément, sans même qu’il s’en rende compte nécessairement... Nous nous trouvons alors dans une situation, – les choses vont tellement vite, – où le désordre créé par la crise-Charlie menace de se transformer à tout moment, pour un moment rapide ou plus durablement c’est selon et c’est fluctuant, en hyper-désordre, basculant ainsi d’une position-Système à une position-antiSystème (désordre devenant hyper-désordre : voir par exemple notre texte du 17 décembre 2014, où les deux notions sont explicitées).

... Et l’intervention de Greenwald, grande figure internationale de l’antiSystème pour ses thèmes jusqu’alors cantonnés aux domaines anglosaxons comme source de réflexion et de commentaire de ses intervention, montre que le cas français est devenu avec la crise-Charlie une référence incontournable. En même temps, il renforce l’impression que la puissante caste d’influence dentifiée plus haut (intellectuels, médias, showbiz) est entrée dans une situation de crise interne, d’“affrontement fratricide”, qui lui fait courir le risque gravissime pour elle, mais pour le Système également, de perdre sa capacité d’influence directe. Jusqu’ici, ses contradictions internes restaient contrôlables puisqu’elle portait sur des thèmes extérieurs ou des situations intérieures très précisément identifiées ; jusqu’ici, elle restait fractionnée entre ses divers “provincialismes” (anglosaxons, “parti des salonards” parisien, etc.) qui sont la marque paradoxale de l’adhésion à la globalisation. Tout cela est en train de voler en éclat et si le rythme de 1/7 se maintient comme cela paraît inéluctable, la crise de cette caste d’influence sera ouverte comme une plaie sanguinolente, et deviendra incontrôlable. Ce sera un réel problème pour le Système parce qu'alors s'imposera le risque qu'à tout moment, par un parti ou l'autre, une voix célèbre ou l'autre, pour tel outil intérêt particulier, l'une ou l'autre de ses narrative (celles du Système) soit dénoncée comme telle d'une façon tonitruante.

Amnesty International dénonce le gouvernement français

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Amnesty International dénonce le gouvernement français pour atteintes à la liberté d'expression!

Auteur : Xavier Celtillos
Ex: http://zejournal.mobi

L’association Amnesty International dénonce les atteintes à la liberté d’expression du gouvernement français et cite le cas de Dieudonné. Adressé au gouvernement socialiste – et plus particulièrement Christiane Taubira – par cette association mondialiste, le communiqué ne manque pas de piment.

France. «Test décisif» en matière de liberté d’expression, avec de très nombreuses arrestations dans le sillage des attentats
Au moins 69 arrestations se sont succédé en France cette semaine, les prévenus comparaissant pour « apologie du terrorisme », infraction dont la définition reste vague. Le risque est grand que ces arrestations violent la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International.

Toutes ces arrestations ont été effectuées, visiblement, sur la base de propos tenus à la suite des attentats meurtriers commis à Paris contre le magazine Charlie Hebdo, un supermarché casher et des agents de la force publique, le mercredi 7 et le vendredi 9 janvier.

« Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, les dirigeants mondiaux ainsi que des millions de femmes et d’hommes du monde entier ont défendu la liberté d’expression d’une voix haute et forte, et les autorités françaises doivent veiller à ne pas violer elles-mêmes ce droit, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« La façon dont les autorités françaises réagissent à la suite de ces assassinats constitue un test décisif de leur volonté de faire respecter les mêmes droits pour tous. »

Les arrestations et les procédures judiciaires sont les premières à se dérouler en vertu de la loi de novembre 2014 contre le terrorisme. Elles s’appuient sur un article du Code pénal en vertu duquel la « provocation » ou « l’apologie » d’actes terroristes sont désormais passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans et d’une amende de 45 000 euros, la peine étant de sept ans maximum et l’amende s’élevant à 100 000 euros si l’infraction est commise sur « un service de communication au public en ligne ».

La « provocation » ou « l’apologie » d’un acte terroriste étaient déjà des infractions en France mais, depuis la loi de novembre 2014, ces faits ne sont plus réprimés par la loi sur la liberté de la presse, mais par le Code pénal. Cela permet aux autorités d’accélérer la procédure, ce qui s’est produit pour plusieurs des affaires récentes.

Outre le cas très médiatique du comédien Dieudonné M’bala M’bala, on peut citer le cas d’un homme qui hurle en pleine rue « Je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça », ou bien celui d’un homme arrêté pour conduite en état d’ivresse qui aurait crié aux policiers « Il devrait y en avoir plus, des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains ».

Un homme de 21 ans, interpellé dans un tramway pour défaut de titre de transport, aurait lancé aux contrôleurs « Les frères Kouachi, c’est que le début, j’aurais dû être avec eux pour tuer plus de monde ». Il a été condamné à 10 mois d’emprisonnement.

Nombre de poursuites ont déjà entraîné des condamnations, en vertu d’une procédure accélérée.

Les arrestations, les comparutions et les peines font suite à une circulaire émise le lundi 12 janvier par Christiane Taubira, la ministre de la Justice, et faisant savoir aux procureurs que « les propos ou agissements répréhensibles, haineux ou méprisants, proférés ou commis en raison de l’appartenance à une religion doivent être combattus et poursuivis avec la plus grande vigueur. »

Les États sont tenus, en vertu du droit international relatif aux droits humains, d’interdire tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. Mais les infractions définies de manière vague, comme « l’apologie du terrorisme », risquent de criminaliser des propos ou diverses formes d’expression qui, tout en étant indéniablement choquants pour de nombreuses personnes, ne vont pas jusqu’à constituer une incitation à la violence ou à la discrimination.

Les traités internationaux sur la prévention du terrorisme prévoient la criminalisation de l’incitation à commettre un acte terroriste. Cependant, une notion comme « l’apologie du terrorisme » risque d’être utilisée pour criminaliser des propos tenus sans l’élément intentionnel nécessaire à la définition d’une infraction et sans qu’ils soient directement susceptibles de provoquer des violences de ce type.

Certains des cas récemment signalés en France ont peut-être dépassé le seuil au-delà duquel il devient légitime d’engager des poursuites, en dépit de la liberté d’expression. Mais d’autres cas ne remplissent pas ces conditions, même si les paroles prononcées sont révoltantes.

« La liberté d’expression ne doit pas être réservée à certains. L’heure n’est pas à l’ouverture de procédures inspirées par des réactions à chaud, mais bien plutôt à la mise en place de mesures réfléchies qui protègent des vies et respectent les droits de tous », a déclaré John Dalhuisen.


- Source : Xavier Celtillos

Un fluide vraiment glacial...

 

Un fluide vraiment glacial...
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 
Le magazine de bandes dessinées humoristiques Fluide Glacial pensait s’être mis à l’abri de toute accusation de surenchère nauséabonde en abandonnant son numéro spécial « Couscous jambon ».
 
Auteur pour la télévision.

Le magazine de bandes dessinées humoristiques Fluide Glacial pensait s’être mis à l’abri de toute accusation de surenchère nauséabonde en abandonnant son numéro spécial « Couscous jambon ». Compte tenu des événements, la rédaction a estimé, sans doute avec raison, qu’il était préférable de reporter son plat du jour à une date ultérieure. Les risques de troubles gastriques au sein de la communauté musulmane étaient trop grands, l’attentat culinaire trop violent… Et puis, a-t-on le droit de caricaturer un jambon trônant au beau milieu d’un plat de semoule ? N’y a-t-il pas là une atteinte grave à l’image du cochon que bien des Auvergnats vénèrent ? L’auvergnatophobie ajoutée à l’islamophobie plaçait le magazine en situation de cumulard de la haine… Situation intenable.

C’est donc en toute innocence que la rédaction dudit Fluide glacial changea son fusil d’épaule pour une couverture genre « parlons-d’autre-chose » titrée : « Péril jaune, et si c’était trop tard ? » En illustration de cette question digne d’un Valeurs actuelles, le dessin représente un Français à béret et moustache tractant un pousse-pousse sur lequel sont assis un Asiatique en tenue coloniale et une blonde pulpeuse visiblement conquise. Dans la rue, assis par terre, un Français SDF demande quelques pièces à l’aide d’une pancarte rédigée en chinois. Le décor est planté. Net et provocateur mais très loin de l’inénarrable prophète et de ses gardes du corps.

« Ouf, on s’en est bien tiré », ont dû penser les rédacteurs du magazine. Répit de courte durée, car ne voilà-t-il pas qu’un journal de la presse officielle chinoise prend ombrage. Dans un éditorial intitulé « La vogue de la liberté d’expression pourrait aggraver les conflits », le quotidien s’insurge. À noter tout d’abord que, pour le journaliste chinois proche du pouvoir, la liberté d’expression est une mode. Comme les mini-jupes, la musique disco ou les scoubidous… Un truc qui passe, une manie amusante mais qui finit par énerver. Le gouvernement chinois, qui est au-dessus des modes, s’immisce dans le débat et profite de cette satire à son encontre pour dénoncer les gribouillis qui osent représenter l’idole des musulmans et, d’une manière générale, la conception européenne de la liberté d’expression. Du dignitaire chinois qui donne des leçons de liberté d’expression… Il ne manque plus que Salvador Dalí pour peindre l’ensemble et nous donner un tableau digne de figurer dans le hall d’entrée du Musée d’art moderne.

Fluide Glacial pensait s’en tirer à bon compte, le voilà à deux doigts d’être classé sinophobe… Le suffixe « phobe » accolé à n’importe quoi ou n’importe qui pourrait suffire à interdire à peu près toute forme d’expression. Un suffixe pratique, le couteau suisse de la censure.

À propos de cette polémique, sur lefigaro.fr, Robert Hue, la barbichette taillée à quatre épingles, réaffirme haut et fort que « Non, décidément non, ce pays n’est pas une dictature ». Venant d’un personnage qui dit approuver les divers discours tapageurs de Manuel Valls, l’affirmation fait froid dans le dos. Un vrai fluide glacial qui s’étend et dégouline de toutes parts…

 

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mardi, 20 janvier 2015

Je suis Vania

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Un destin français...

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Un destin français...

Ex: http://www.dedefensa.org

18 janvier 2015 – Le monde étonné et interloqué observe la France devenu le centre du monde ... Resserrons l’objectif tout en gardant une ouverture qui pourrait convenir pour retrouver des perspectives hors de ce cadre proposé, et réduisons le propos à ce constat, – “le bloc BAO étonné et interloqué observe la France devenu le centre du bloc BAO”. Il est vrai que les Anglo-Saxons, si prompts à railler les Français, n’ont pas hésité une seconde à sacraliser l’attaque de Charlie-Hebdo (1/7) en un second 9/11. Par la même occasion, et comme l’on choisit ce qui convient dans le registre des réflexes pavloviens du moment crisique, ils sont passés du déchaînement antipoutinien et antirusse au déchaînement antiterroriste, désignant pour la nième fois les islamo-fascistes comme la néo-“nouvelle peste” anti-occidentaliste. (C’est dire mais c’est tout dire sans trop se surprendre soi-même : le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg appelait les Russes à la coopération avec l’OTAN dans la bataille contre le terrorisme, le 8 janvier 2015 [Business Week] dans un discours fait dans la ville de Kreuth, en Bavière.)

L’aspect symbolique de l’attaque contre Charlie-Hebdo et la réaction française, l’espèce de sacralisation absolument sans frein ni nuance de l’événement, sont par exemple mis en évidence dans un commentaire de Wesley Pruden, du Washington Times (très proche des neocon), le 13 janvier 2015... Mais on remarquera déjà que ce commentaire approbatif est aussi et surtout l’occasion de mettre en cause celui qui, par contraste, n’a pas manifesté cette attitude, c’est-à-dire le président Obama qui-n’est-pas-venu-à-Paris... (Car tous les commentaires disons d’“adoubement” de la France vont dans ce sens d’un soutien affirmé qui naît de la vague de “Je suis Charlie” qui a déferlé sur le monde, mais aussitôt nuancé par de graves réserves concernant la situation en général, aussi bien ailleurs qu’en France même.) Pruden : «A headline in London exclaims that what happened in Paris “has galvanized France.” Well, that's good, so far as it goes. [...] [But] America is led by a president who neither understands nor celebrates the America that elected him. He knows only that his election, and re-election, gave him an opportunity to get on with transforming America into a nation that your grandfather would not recognize. The president's remarkable snub of the solidarity march in Paris cannot surprise anyone who has been paying attention to the news. This president cannot bring himself to confront the threat to America and call it by its rightful name... [....] The thrill of marching in Paris will wear off, and then what? Will the West go back to the comfort of indolence and the luxury of indifference?»

En effet, cela étant et la France ainsi intronisée sur l'instant et pour cet instant par le Système, et selon le réflexe pavlovien de service, se pose aussitôt la question inquiète des Anglo-Saxons : mais que va faire la France ? (C’est un de ces réflexes ataviques, qu’on peut évidemment mettre sur le compte des habitudes pavloviennes citées plus haut, mais qu’on peut aussi rattacher à quelque mystérieux courant historique, si mystérieux qu’on le jugerait métahistoriques. Ce réflexe, essentiellement anglo-saxon et de nature historique reconnue et souvent expérimentée tant de fois, est de n’accorder à la France qu’une confiance limitée dans la mesure où ce pays semble développer naturellement et parfois sinon souvent sans que ses dirigeants en aient même conscience des principes tels que souveraineté, légitimité, indépendance nationale, etc., – bref, tout ce qui a marqué la période gaulliste qui reste à cet égard la référence fondamentale des Anglo-Saxons pour leur jugement à cet égard, – mais qui existait en partie même sous la piteuse IVème République [voir, pour ceux qui ont le courage des longues lectures, l’extrait des Mémoires du dehors du 6 novembre 2006]. ) C’est-à-dire qu’en même temps que la France est adoubée par le flux d’une politique de communication et de symbolisme dans ce rôle central dans le dispositif-Système, se pose la question du “choix” qu’elle va faire, de l’orientation que va prendre sa situation, etc. On comprend que, dans un esprit américaniste par exemple, une telle question ne se poserait pas à propos de l’exemplaire vassalité, par atavisme également, du Royaume-Uni vis-à-vis des USA...

L’idée se dessine déjà dans l’analyse que donne le German Marshall Fund (GMF) du 13 janvier 2015, avec cette question fondamentale : l’immense démonstration de dimanche dernier est-elle l’annonce d’une union nationale solide ou au contraire un événement dans un processus de fragmentation interne très dangereux ? (Le GMF est une des institutions les plus représentatives du courant transatlantique et de la mainmise d’influence des USA sur l’Europe occidentale.) Après quelques observations sur la situation actuelle en France, avec l’attaque contre Charlie-Hebdo et les rapports politiques existants, Alexandra de Hoop Scheffer et Martin Quencez écrivent ceci où ces sujets sont abordés, mais où apparaît aussi entre les lignes le rôle que le GMF (les forces transatlantiques anglo-saxonnes) voudraient voir jouer à la France, – apaisement à l’intérieur, engagement renforcé dans le sens voulu par le bloc BAO à l’extérieur :

«... After the popular demonstrations all around France, what is at stake for the French government? At the domestic level, the reactions should be two-fold. On one hand, a strong legislative response is expected to show the ability of the state to effectively fight these threats. The fact that the terrorists were known by the police has triggered a popular demand to investigate the way authorities track such radicals in order to prevent future failures. The government will have to display transparency and rigor in the reinforcement of police and intelligence capabilities. On the other hand, maintaining national unity to avoid any further fragmentation in French society will be important, but remains challenging. Bringing together the entire nation against Islamist terrorism has to be balanced by taking into account specific community concerns. Limiting the risk of Islamophobic incidents should be a priority, as should including Muslim figures in the fight against terrorism. Reassuring the Jewish community will also be necessary. The appointment of a prefect in charge of coordinating the security of the Jewish institutions is part of the urgent measures being taken for that purpose.

»On the foreign policy front, these attacks can only reinforce Paris’s determination to take a leading role in the resolution of conflicts in the Middle East and North Africa, and push for a transatlantic response against havens for Islamist terrorists in Syria, Iraq, and the Sahel. The French government will also demand better European coordination on border control, the tracking of European citizens’ activities in the conflict zones in the Middle East, and closer cooperation with Internet companies to monitor and eventually remove material that could encourage terrorism.

»The shock of the Paris terrorist attacks will quickly change into political and strategic outcomes. These events will affect French society itself,BI> but it is unclear whether they will foster further tensions or provide an opportunity for renewed national political cohesion and cooperation with France’s transatlantic allies in the fight against terrorism.»

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De fait, les nouvelles depuis dimanche dernier, qui permettent d’esquisser la situation française dans l’après-Charlie-Hebdo (ou l’après-1/7) ne sont pas vraiment exaltantes. Nous mettons de côté, bien entendu, les événements relevant purement du symbolisme et du système de la communication, notamment la sortie du numéro de Charlie-Hebdo et toutes les péripéties qui l’ont accompagnée, du phénoménal tirage réalisé en millions à l’annonce d’un abonnement par un George Clooney ou par un Arnold Schwarzenegger (non pas un mais 10 pour lui, dit-on, ce qui se conçoit par rapport à sa corpulence). Nous parlons des réactions dans diverses communautés, et notamment les deux qui, en France, ont été directement concernées par les événements du 7 au 9 janvier. Ainsi pouvait-on voir, comme dans raccourci saisissant de l’évolution de cette situation française, dans la même soirée du 12 janvier, Le Grand Journal présenter plusieurs intervenants musulmans exposant ce qu’on pourrait apprécier, du moins en partie pour les interventions, d’“angoisse des musulmans”, et dans l’émission 28’ de Arte la présentation des “l’angoisse des juifs de France”. Comme nous l’écrivions le 11 janvier 2015 à propos du thème de la défense de la “liberté d’expression” qui était le thème de la manifestation de dimanche, «[l’]union sacrée est totale, – sauf pour ceux qui n’ont pas fait leur dévotion, – pour partir par millions, comme l’on fait une levée en masse, à la défense de l’essentiel de la cause et à la promotion de l’essentiel du contraire de la cause. Cette observation suffit à nous faire comprendre combien les comportements massifs de communication et symboliques de ces tout derniers jours, dans le chef de cette réaction collective paroxystique, globalisée, surréaliste, aux événements de la semaine dernière, ont fait progresser le problème fondamental qui affecte les pays du bloc BAO, et la France en particulier, dans le sens de l’exacerbation, de la contradiction, de l’incompréhension, de l’anathème réciproque...»

Par conséquent, on a eu, depuis dimanche, de très nombreux témoignages, déclarations, actes, etc., montrant une soudaine et très active détérioration de la situation des deux communautés concernées, qui forment l’axe de tension qui sous-tend le débat de communication et de symbolisme accompagnant la crise pour en composer l’essentiel. Cette détérioration, marquée certes par des actes précis, est d’abord de l’ordre du psychologique, ce qui est le facteur dominant et écrasant de toute situation crisique aujourd'hui, et de celle-ci évidemment.

• Outre les diverses déclarations, à la fois pour séparer les musulmans en général des terroristes qui sont intervenus, à la fois pour lutter contre l’amalgame qui est si souvent développé, on a donc eu une recrudescence de manifestations opérationnelles contre des lieux musulmans divers de France, dont des mosquées ... Inscription, invectives, jets de projectiles, voire des coups de feu, etc. (Plus de 50 “attaques” de cette sorte en moins d’une semaine.) Sur BFM-TV, le 14 janvier à 19H00, le député socialiste de l’Essonne Malik Boutih a tracé un portrait d’une gravité extraordinaire de la situation dans les quartiers de banlieues où sont concentrés les musulmans, où bandes de délinquants et groupes extrémistes font régner la terreur, souvent en s’alliant les uns aux autres. Il a réclamé des mesures extrêmes, comme celle de “la mise sous tutelle de l’État” de certains quartiers, pour assurer une sécurité maximale et imposer un ordre qui serait évidemment qualifié de “draconien” par rapport au désordre qui règne.

• Les juifs ont également manifesté leurs craintes devant cette situation, notamment avec la manifestation d’un mouvement de départ de certains d’entre eux vers Israël. (L’intervention de Netanyahou, présent à Paris dimanche malgré les réticences de la présidence de la république française, a largement contribué à dramatiser la situation avec son appel invitant les juifs de France à s’installer en Israël pour y trouver la sécurité.) D’ores et déjà, le chiffre de 7.000 départs de juifs français en 2014, – le double de 2013, – est dans tous les esprits, et 2015 devrait fortement accélérer le mouvement. D’une façon très inattendue et paradoxale, ou bien très décourageante c’est selon, ce mouvement vers la “sécurité d’Israël” se fait et est encouragé alors qu’un document important vient d’annoncer la conviction du ministère israélien des affaires étrangères que la situation politique israélienne en 2015 connaîtra un “tsunami politique” :

«According to a classified document released by Israel’s Foreign Ministry on Tuesday, the current year will be the worst for the Zionist regime in terms of political pressure. The document, bearing the signature of the ministry's deputy director general for coordination, Gilad Cohen, warns that a “political tsunami” is awaiting Israel in 2015 especially with regards to the European countries’ increasing willingness to recognize the state of Palestine. The document has also cited the ongoing campaign for the boycott of business with Israel... [...] It has also expressed serious concern about the United States’ potential endorsement of the Palestinian bid for statehood at the United Nations Security Council. » (TV Press, le 13 janvier 2014.)

Même au niveau intellectuel parisien, dans la classe d’influence dominante connectée au “parti des salonards”, on trouve la marque d’oppositions dites déjà sur un ton très dur, qui risquent d’ajouter des affrontements extrêmement graves au niveau de la communication. Nous avons évoqué ce phénomène (voir le 16 janvier 2015), qui interfère gravement dans les clivages habituels des intellectuels et du “parti des salonards“ assurant la pseudo-stabilité de l’influence du Système au niveau de la communication et du symbolisme d’influence, et introduit un élément de désordre et de désunion extrêmement important alimentant la déstabilisation générale.

En l’espace de quelques jours, comme si ces esprits formatés n’attendait qu’une occasion de s’ébrouer complètement dans la servilité-Système, la propagande dans les organes officiels de communication a atteint un niveau grotesque, ouvertement stalinien... Les exemples de cette transmutation sont légions bien entendu, jusqu’à la nausée, et ne méritent même pas le piètre honneur intellectuel d’une démonstration de base. On ne résiste tout de même pas à la citation de celui (l’exemple) qui est rapporté par le site Lescrises.fr du 15 janvier 2015, reproduisant ces propos de Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France-2 ... Un “appel à délation” très style-NKVD du temps de la Iejovtchina de 1936-1939 (la “période de Iéjov”, du nom du chef du NKVD de l’époque, de 1936 à 1938, Nicolas Iéjov)  : «Ah non Elise faut pas faire preuve d’angélisme. C’est justement ceux qui ne sont pas “Charlie” qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui “balancent” sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale...» (Le terme de “traiter” est élégamment révélateur.)

Contrairement à ce qui vient à l’esprit, et cela parfaitement stalinien d’ailleurs, cette sorte d’attitude n’est pas porteuse d’ordre par la terrorisation policière, mais productrice de désordre par la terrorisation psychologique, – encore plus dans ce cas, où l’analogie ne porte évidemment pas sur la liquidation physique. (Le principal caractère de la dictature policière stalinienne, à cause de ses excès en constante surenchère et l’incertitude totale que cette dynamique installait quant aux victimes de la répression, ce fut le désordre inefficace derrière la terreur et nullement la Terreur imposant l’ordre efficace. La seule fois où cette dictature fut efficace, c’est lorsqu’elle abandonna cette sorte de terreur insaisissable pour la mobilisation patriotique au nom de la Russie redevenue la référence spirituelle contre l’envahisseur nazi.)

L’antiSystème contre la “frilosité” française du Système

Cette situation générale semble indiquer que la ”vérité de la situation” est le désordre, c’est-à-dire l’absence de cohésion, de contrôle, c’est-à-dire, pourrait-on penser, une dynamique tendant vers une situation extrêmement préjudiciable à la France, qui pourrait éventuellement convenir au Système si elle dupliquait celle de la Grèce par exemple. Mais la France n’est manifestement pas la Grèce, dans un nombre si grand de situations par rapport aux domaines politiques, de puissance, de communication, d’influence, etc., que cette analogie n’a aucune signification utile pour une prospective. Du coup, le Système est bien moins assurée de connaître une prospective avantageuse.

En réalité, la France présente un tout autre tableau dans le domaine que nous privilégions qui est de savoir quelle évolution est possible entre la dynamique surpuissante du Système et la résistance antiSystème à la lumière de ce que nous jugeons être les influences nécessairement puissantes des grandes forces métahistoriques. Nous avons déjà largement exposé les grandes lignes de cette hypothèse dans notre texte du 11 janvier 2015.

«... La France est, aujourd’hui, par le vertige de son angoisse sur ses propres conditions, le pays le plus apte dans le bloc BAO, – et, en général, hors du bloc, avec la Russie, – à réaliser l’ampleur et la profondeur des abysses où nous emmène le Système. Elle qui avait depuis l’inspiration gaulliste tout pour devenir l’inspirateur de l’antiSystème, elle qui a versé dans l’alignement-Système le plus bas depuis près de dix ans et qui, soudain, pourrait se révéler, par le biais d’un mouvement qu’il s’agit d’interpréter selon une logique d’inversion vertueuse, comme éventuellement à finalité antiSystème.

«“Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu’elle doit remplir. La France exerce sur l’Europe une véritable magistrature, qu’il serait inutile de contester... ”, écrivait Joseph de Maistre (‘Considérations sur la France’, 1796) à l’époque où l’Europe c’était le monde ; et terminant cette même phrase par ces mots qui résonnent étrangement, c'est-à-dire presque conformément et par une élégante prémonition au périple français actuel, résumé dans le précédent paragraphe : “...dont elle a abusé de la manière la plus coupable”. Maistre parlait de la Révolution, et l’on peut en être assuré à la lumière tremblotante de leur pensée spontanée de type réflexe un peu pavlovien, il n’est pas la tasse de thé de centaines de milliers de vertueux “Je suis Charlie” (disons, pour ceux qui le connaissent), lui-même réduit par eux à la condition de “réac’” selon le langage en vogue à la Cour présentement. Il a pourtant raison contre tous, Maistre, d’abord parce qu’il les domine tant par la hauteur de son esprit et la puissante beauté de sa plume qu’ils ne sont même plus capable de l’apercevoir et ainsi laissés à leurs stéréotypes ; ensuite parce que, en vouant la France aux gémonies dans cette période si particulière, il ne disconvient pas une seconde dans le même élan de pensée que, sans elle, rien de grand ne peut être fait dans les envolées de la métahistoire.

»L’idée survit jusqu’à nous et, malgré les extraordinaires bassesses auxquelles nous a conviés le couple Sarko-Hollande depuis 2007, la France semblerait soudain comme si elle gardait une potentialité d’exercer cette “véritable magistrature” sur l’Europe (sur le monde), qui serait de l’ordre de la communication, et qui serait nécessairement dans la voie de l’antiSystème. Ainsi, malgré les Français et leur président-poire, la France pourrait-elle se retrouver, dans l’imbroglio qu’on a décrit, et sans qu’elle s’en avise, et probablement par des voies qu'on qualifierait d'“impénétrables” selon la référence fameuse, parmi les forces inspiratrices centrales d’une dynamique antiSystème.»

charliehebdounehuitcentel3.jpgLa situation intérieure française est actuellement désespérée alors que le statut, l’influence symbolique et de communication de la France en tant qu’entité historique est à un niveau jamais atteint dans l’époque post-9/11 après l’attaque contre Charlie-Hebdo et le “Moment 1/7”. C’est à la fois un paradoxe et une situation extrême dont la France est coutumière dans son histoire ; de même et ceci confirmant et complétant cela, l’époque exceptionnelle où nous vivons est également pleine de situations à la fois paradoxales et extrêmes. Ce contraste n’a aucune signification ni de puissance, ni de prépondérance, ni d’autorité ; il est tout simplement, comme produit de l’étrange conjonction d’une France conduit par des pouvoirs extraordinairement pauvres et dissolvants depuis de nombreuses années et certainement depuis 2007, et d’un événement qui s’est produit dans des conditions à la fois précises et mises en doute par divers observateurs mais dont l’effet a été planétaire, dans une dimension et avec une puissance que nul ne pouvait imaginer ... 1/7, ou l’“ouragan-Charlie”, comme nous pourrions nommer la chose, est une sorte d’explosion thermonucléaire de la communication et du symbolisme de la part d’une entité (la France) qui sombrait (qui sombre) dans le désordre et dans l’inversion d'elle-même. Bien entendu, cette réaction puissante n’a rien à voir avec les mobilisations nationales qu’a déjà connues ce pays en diverses situations d’extrêmes urgence et danger, simplement à cause de la radicalité de l’époque et de l’exceptionnalité de sa différence qui en font une époque “à nulle autre pareille”.

Ou bien l’on choisit de voir dans ce contraste entre “la situation” désespérée” et l’effacement de la France, et son soudain surgissement de notoriété avec Charlie, l’effet d’un hasard, ou bien l’on explore l’hypothèse selon laquelle on y trouve quelque enseignement fondamental. On sait évidemment que nous choisissons le deuxième terme de l’alternative parce que l’évidence y invite sans discussion. L’événement général est assez exceptionnel pour n’avoir rien du hasard dans un environnement (communication, symbolisme) où rien justement n’est laissé au hasard dans le sens et l’orientation du discours, où tout indique au contraire une tension extraordinaire qui implique une concentration formidable sur la recherche de l’orientation sinon de la manipulation des événements ; d’autre part, il s’agit de la France, comme on ne cesse de le noter, qui possède une histoire puissante et des caractères exceptionnels dans les sens du meilleur comme du pire, qui impliquent également une forte implication dans l’importance prise par les événements. Mais surtout, et nous ne le dissimulons pas une seconde, nous répondons par ce choix à la force d’incitation de l’intuition, et conformément à une vision générale de la situation crisique qui nous conduit à considérer que tous les événements sont connectés entre eux et s’influencent les uns les autres.

Un autre élément qui influence largement l’orientation que nous suggère notre démarche intuitive nous pousse à cette sorte d’hypothèse et à cette exploration, qui est une évolution possible/probable de la politique russe de la France, soulignée dans notre texte du 15 janvier 2015. Encore ne voulons-nous parler en aucun cas de rapprochement de politique (même si c’est l’objet de la spéculation, et si la tendance y aide) mais de proximité des comportements, des âmes, des méthodes, etc. D’une façon qui pourrait paraître anecdotique mais qui n’en est pas moins caractéristique, un expert du contreterrorisme US, Thomas Sanderson, co-directeur du Transnational Threats Project au CSIS de Washington, observait, évoluant dans son jugement jusqu’à l’essentiel : «[French] have very robust capabilities for domestic security issues. [...] People in America have this ridiculous notion that's always mentioned by comedians or politicians, that the French are weak, they like to surrender because of World War II, and the reality is that their level of training and attitude and disposition to these [militants] is much closer to the U.S., Israelis and the Russians than it is to what we would consider weaker countries.” “I've often said [French are] closer to the Russian model than the U.S. model...»

Cette proximité entre la France et la Russie, – disons-le encore fortement, considérée hors de toute hypothèse politique mais comme une donnée métahistorique et transcendante, – se retrouve symboliquement dans l’auteur que nous citons, dans cet extrait du texte du 11 janvier 2015 cité plus haut. Là aussi, nous nous saisissons de Joseph de Maistre pour sa personnalité, sa puissance transcendantale, sa plume visionnaire, etc., et nullement pour analyses critiques des engagements et idéologies politiques qu’il eut et qui lui sont prêtées (Maistre serait-il “Je suis Charlie” ? Grave question). Là encore, il nous importe d’apprécier, dans le champ du symbolisme, que ce Savoyard qui plaçait la France au centre du monde tel qu’il le percevait, passa l’essentiel de sa vie la plus active comme diplomate en poste à Saint-Petersbourg (de 1803 à 1817, ambassadeur de Sardaigne en Russie), en profitant pleinement de la vie intellectuelle et initiatique de la capitale impériale, et en l’appréciant hautement. Manifestement, ses pensées sur la France comme ses Soirées de Saint-Petersbourg sont marquées par la fécondité des proximités mystérieuses entre ces deux nations, quelles que soient leurs différences contingentes parfois immenses sinon irréconciliables pour l’instant où elles se manifestent.

Ce qui rapproche aujourd’hui la France et la Russie, irrésistiblement, hors de tout contexte politique et géopolitique, hors de toute intrigue politique, de volonté d’alliance, de tractations de ferraille militaire, etc., c’est une perception collective dont elles disposent chacune dans leur chef, dont le cœur ne peut qu’être d’essence métahistorique, de l’immensité de la crise (la crise d’effondrement du Système) qui nous frappe et de l’inéluctabilité du destin de cette crise (ce que nous nommerions “la Chute”). Cette proximité est bien d’essence métahistorique et métaphysique et nullement d’essence religieuse (avec le sous-produit de la morale) : il ne s’agit pas de répondre à un dogme ou de se référer à un “c’était écrit” (même si cela est écrit), il s’agit d’une perception collective similaire ; il ne s’agit pas de la prosternation devant la Vérité (même si la Vérité dit cela), il s’agit de l’identification terrestre instinctive autant qu’intuitive d’une “vérité de situation”, c’est-à-dire la vérité d’un moment où se manifeste cette situation, – colossale chose, néanmoins cette “vérité de situation”-là, car colossal est le moment que nous vivons. Enfin, nous prétendons que cette perception similaire de la catastrophe en cours est également vécue, ou plutôt subie inconsciemment, sans conscience claire de la chose, évidemment sans rationalisation, dans le chef de ses principaux acteurs, notamment d’influence et de direction, dans les deux pays.

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Cette similitude de perception s’exerce de façon très différente, selon des situations très différentes, selon des consciences inégales sinon inexistantes de la chose, – mais tout cela sans réelle importance, puisque c’est bien entendu sur un autre plan que nous exerçons notre démarche intuitive. De ce point de vue, ce qui n’est pas anodin dans un possible rapprochement politique France-Russie, c’est qu’il puisse être envisagé au moment où la France entre dans un paroxysme, un an après que la Russie soit entrée dans son propre paroxysme (la crise ukrainienne) ... Cela ne saurait être anodin mais, encore une fois, cela n’est ni indispensable ni vraiment significatif d’un point de vue politique pour d’éventuels arrangements ou cafouillages politiques à venir. C’est un signe, rien d’autre, mais rien de moins également parce que c’est le signe d’une proximité de perception d’une formidable puissance.

Dans cette perspective métahistorique ainsi tracée, quel destin, quel rôle envisager pour la France, – alors qu’on en connaît déjà beaucoup pour ce qui concerne la Russie déjà fort avancée sur la voie de son propre paroxysme avec son année de crise ukrainienne qui a mis cette grande nation dans une condition psychologique semblable aux grandes alarmes qu’elle connut lorsque son existence fut menacée ? C’est ici qu’intervient notre interprétation des événements dits-1/7 et, essentiellement, de l’extraordinaire effet de communication et de symbolisme qui a mis à nouveau la France en position très visible, et nécessairement inspiratrice dans un sens ou l’autre. On s’arrache Charlie-Hebdo à New York, à Moscou, à Tokyo, et cela ne cela ne veut évidemment pas dire que le “charlisme” (*) a conquis le monde. Là aussi, on leur fera l’honneur d’un raisonnement évident qu’ils ne méritent pourtant pas, les employés-Système innombrables : dans l’ère psychopolitique, avec la communication triomphante, nos experts en stratégie devaient savoir que la puissance de l’effet, – comme on dit “un essai” au rugby, – ne se transforme jamais en soi-même, disons en un “score” augmenté et décisif ; au contraire du rugby, on n’obtient pas un “effet transformé” (on dirait aussi bien “confirmé”) mais une situation complètement nouvelle et totalement imprévisible. Le “charlisme” a bouleversé le monde de la communication, – c’est-à-dire le monde, dit en bref, – il a joué son rôle, – passez muscade et passons à la suite ... Une seule chose d’assuré, c’est la France installée à nouveau en position d’influence, et diable qu’importe le moyen pour y être parvenue...

Notre hypothèse intuitive se poursuit donc en abandonnant décisivement la voie du “charlisme” qui n’est qu’un avatar comme en affectionnent les salons parisiens. Au contraire, – si l’on veut un avis sans surprise et à peine désabusé, – le triomphe anecdotique et de circonstance du “charlisme” va installer une sorte de pseudo-dictature démocratique de communication à prétention-robespierriste (ne disons pas pétainiste, pour ne pas inquiéter les âmes sensibles, et puis Valls fait plus Robespierre que Pétain), qui va évoluer complètement à contre-emploi car la puissance de son empire va se nourrir de ce qui détruit cette puissance. La sacro-sainte “liberté d’expression”, qui n’est pas qu’un slogan mais un exercice passionnel et hystérique permanent imposé à un univers entièrement communicationnel et symbolique tenu par des bornes très strictes qui emprisonnent la “liberté d’expression” dans le Goulag-Système qui importe, la sacro-sainte “liberté d’expression” donc est sacralisée dans cette posture contradictoire. Il s’agit d’autant d’interprétations du concept de la “liberté d’expression” que d’intervenants plus ou moins institutionnalisés, – c’est-à-dire que le concept va s’opérationnaliser, ou accélérer son opérationnalisation puisqu’il existe déjà, en un exercice permanent de désordre de la communication, constamment en mode paroxystique. (On comprend ce jugement quand l’on sait que la “liberté d’expression” va s’exercer sur des situations totalement contradictoires où les uns et les autres se trouvent régulièrement à contre-emploi, avec pour ou contre l’immigration, pour ou contre la responsabilité de l’immigration dans le terrorisme, pour ou contre l’“intégration à la française”, pour ou contre le “respect des différences” dans une société dont la vertu devrait être d’être multiculturaliste, pour ou contre la laïcité alors qu’un composant perçu comme vertueux [l’immigration musulmane] affirme une identité si forte en se basant sur une religion, etc.)

Sur le désordre déjà installé, ce supplément de désordre cela fait désordre... Cette dictature-robespierriste en carton-pâte, qui s’institue sur la sacralisation du concept qui s’oppose complètement à elle, est donc morte-née, elle est déjà thermidorienne, ou disons “thermidoriennisée”, avant que d’exister. Le résultat, d’ores et déjà perceptible avec la désintégration en cours de l’unité de la caste intellectuelle-médiatique-showbiz (voir à nouveau le 16 janvier 2015), ne se définit effectivement que par ce seul mot, – “désordre”, et encore dans le champ de la communication et du symbolisme, – et nullement par l’expression agitée comme un épouvantail de “guerre civile”, Kalachnikov au poing. C’est là que nous réintroduisons l’expression déjà employée d’“hyper-désordre” née du désordre et devenant inversion du désordre.

Nous avions déjà tenté de définir une première fois cette idée à propos l’Arabie Saoudite le 7 octobre 2014. On peut reprendre un extrait du texte en remplaçant “Arabie” par “désordre français”, « ou dans tous les cas ce qui en fait office dans les esprits (importance de la perception à cet égard pour les psychologies)». Cela donnerait ceci : «Nous raisonnons définitivement à front renversé, dans ce monde orwellien qui a complètement dépassé Orwell, parce que nous raisonnons absolument selon des normes et des conceptions antiSystème. Aujourd’hui, songeant précisément au destin [du désordre français] tel qu'on l'envisage, on ne peut écarter cette possibilité absolument paradoxale qu’un désordre supplémentaire marquerait peut-être un certain retour à l’ordre. Il pourrait s’agir d’un de ces points ultimes où le Système au bout de sa production de surpuissance atteint à son domaine décisif d’autodestruction. C’est avec le sort [de ce désordre français] que la crise [du Système] atteint un point décisif où elle pourrait enfin acquérir une importance effective, une importance utile, c’est-à-dire s’opérationnalisant en l’accélérant dans le processus de la crise d’effondrement du Système. Par des ramifications évidentes, notamment au niveau [de la situation politique européenne dans son sens le plus large,] elle rejoindrait en importance la crise ukrainienne et s’ajouterait à elle pour former effectivement un nœud crisique capable d’ébranler le Système.»

La définition de l’“hyper-désordre” que nous déduisions des remarques concernant l’Arabie convient alors parfaitement au cas français de désordre en accélération potentielle dans l’hypothèse intuitive que nous développons, et cela nécessairement dans le cadre européen puisque la France y est si importante, nécessairement en liaison avec l’autre crise majeure (l’Ukraine) et ce que l’on a dit des fluctuations en cours de la politique russe de la France ... «L’hyper-désordre qui est en train de détruire cette tentative d’“ordre” postmoderne qui est en vérité un pur désordre, est donc paradoxalement une poussée dont le sens antiSystème pourrait être jugé effectivement à finalité de “remise en ordre”. Même si les moyens sont totalement anarchiques et d’hyper-désordre, le sens, involontairement ou volontairement antiSystème c’est selon, est bien décrit selon cette orientation de la remise en ordre par le simple fait de la destruction du désordre que sème le Système, dans ce cas au travers de sa philosophie postmoderniste dont la pseudo-essence a été précédée par sa pseudo-existence. Au simulacre d’une fausse philosophie s’est ajoutée l’inversion de son opérationnalisation [qui la contredit totalement et devient l’outil de sa destruction].»

Ce rappel signifie que nous offrons l’hypothèse, dans le contexte nouveau où la constante accélération d’affrontement symbolique et de communication en France depuis 1/7 a pris un caractère de “crise nationale” à ciel ouvert, que le “désordre” français peut parfaitement, et doit même logiquement évoluer vers cette sorte que nous offrons, d’un “hyper-désordre” de communication et de symbolisme dont l’effet ébranlera nécessairement l’Europe. Cela n’est pas une proposition politique, géopolitique, etc., – répétition toujours nécessaire, – mais une hypothèse concernant un facteur explosif de déstabilisation qui s’installe au cœur du système européen, – la France n’est pas la Grèce, – qui va menacer toute l’extrêmement branlante stabilité extrémiste et furieuse de l’ensemble-Système que constitue aujourd’hui l’Europe institutionnelle. Il s’agit d’une dynamique évidemment, puissamment antiSystème. Le sympathique paradoxe est que ceux qui dénoncent habituellement les antiSystème contestataires de l’Europe en place le font grâce aux arguments connus, d’une banalité et d’une pauvreté épuisantes, sur le “repli sur soi”, sur la “France frileuse”, la “France rance”, ennemie des contacts extérieurs, etc. Dans ce cas qui est essentiel de cette “crise nationale” (sic), c’est le contraire  : le “repli sur soi”, la “frilosité”, c’est la réaction-Système de ramener cette crise à la rassurante (re-sic) forme hexagonale et à un des poncifs de la gloire nationale de la seule France prétendant éclairer le monde à la bougie tremblotante du Siècle des Lumières. Au contraire, c’est la dynamique antiSystème potentielle qui, rejetant le “repli sur soi” et la “frilosité”, devrait porter au moins au niveau européen, par la communication et le symbolisme adversaire du Système, par l’intermédiaire de l’“ouragan-Charlie” interprété en mode d’inversion vertueuse, le réflexe français, psychologique, inconscient, de l’expression paroxystique d’une affreuse angoisse devant la Grande Crise dont l’exaltation enivrée de la “liberté d’d’expression” n’est qu’une manifestation, un sas d’accès.

Pour compléter cette hypothèse intuitive par l’énigme, sinon le Mystère qu’elle porte, il resterait à voir, et en vérité à constater qu’on n’en peut rien savoir, comment et avec quels effets s’exercera cet hyper-désordre antiSystème sur l’ensemble européen, et à quel moment, et de quelle façon, ce flux tumultueux rencontrera la dynamique russe qui porte la même tendance avec la perception de la Grande Crise sous une forme et dans des conditions complètement différentes. On en reste donc à la question posée... Mais nous pouvons avancer en conclusion de l'hypothèse, pour introduire un élément de précision, que cela ira très vite car l’histoire-devenue-métahistoire n’attend pas pour se manifester par les temps qui courent, et qui se contractent pour lui laisser le champ libre.

Note

(*) “Charlisme”, néologisme bienvenu que nous empruntons à Badia Benjelloun.

Strasbourg : conférence de Guillaume Faye

Strasbourg : conférence de Guillaume Faye sur la colonisation de l'Europe le 13 février

Strasbourg : conférence de Guillaume Faye sur la colonisation de l’Europe le 13 février

Guillaume Faye tiendra une conférence à Strasbourg le 13 février prochain. Il sera l’invité de la quatrième édition du Cercle Eugène Ricklin.

Le Cercle Eugène Ricklin recevra donc, le vendredi 13 Février 2015 à 19 heures (Strasbourg), Guillaume Faye qui abordera l’épineux sujet de “La Colonisation de l’Europe, situation et solutions.” Participation aux frais : 5 euros.

 

Les inscriptions se font par mail (alsace@bloc-identitaire.com), en précisant le nombre d’accompagnants.

lundi, 19 janvier 2015

Le chant du cygne de la gauche française ?

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11 JANVIER 2015:
Le chant du cygne de la gauche française?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Environ 200... Tel est le nombre, largement sous-estimé aux dires même du ministère de l’Éducation, des « incidents » relevés dans les établissements scolaires depuis les attentats perpétrés la semaine dernière. Les incidents sont gravissimes et relèvent clairement de l'apologie du terrorisme. Ils ne sont pas sanctionnés. Pas de conseil de discipline, pas d'exclusion immédiate. C'est la pédagogie de la bienveillance, l'instruction civique du « pas d'amalgame ». Dans les classes, les enseignants sont tout excités. Ils retrouvent les grandes causes sans comprendre un seul instant qu'elle les conduit peu à peu vers le chemin de la guerre et d'une guerre qu'ils perdront. Pour tout stratège, qu'il soit chinois, arabe, russe, américain ou français, ne pas être capable de désigner son ennemi, c'est déjà, en effet, avoir perdu la guerre.  Peu sont capables de retenir leur émotion, de prendre du recul ou de la distance avec l'événement. Pensez-vous, cela fait si longtemps qu'ils ne lisent plus mais se contentent de C'est dans l'air.

Et pourtant, comment ne pas sentir l'atmosphère, l'odeur putride de la grande intox : les médias en boucle, les ministres en déclarations, les intellos tentant de réfléchir et même certains curés - un comble ! - recommandant l’achat de Charlie Hebdo. Mais que fait-on ? On fait ça : Une policière âgée de 37 ans, en faction devant le palais de l’Elysée, a été volontairement percutée par une voiture dans la nuit de mercredi à jeudi. L’« incident », comme ils disent, est l'œuvre d'un déséquilibré. Ne pas faire d'amalgame.


Devant les armées, Hollande n’ose parler ni de guerre ni d’Islam. Pourtant, mardi, à l'Assemblée nationale, Manuel Valls avouait : « Nous sommes en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical ». Or et très curieusement en face de militaires, lors de ses vœux aux armées, François Hollande n’enfourche pas le cheval de bataille de son Premier ministre et n’ose toujours pas parler de guerre, ni d’islam. C'était mercredi après-midi. A-t-il peur que par un canal ou un autre apparaisse le vrai commanditaire ? En sait-il quelque chose ?


Depuis une semaine, la France en tout cas est hystérique. François Hollande qui était le président le plus décrié, le plus impopulaire de la Ve République apparaît tout à coup aux yeux de la grande masse comme le père de la nation, le nouveau Clemenceau, le nouveau De Gaulle. C'est clair les attentats mais surtout l'union nationale - et c'est le propre d'ailleurs de toutes les unions nationales - profitent au pouvoir exécutif. Or par leur politique d’immigration-invasion et leur politique internationale, les politiciens qui se sont succédé depuis de nombreux gouvernements  portent en France une responsabilité écrasante dans les tragiques événements de la semaine dernière. Pourquoi ? Ils ont tous adhéré à une politique criminelle qui a consisté à encourager la venue et l’installation de millions d’immigrés extra-européens, pour la plupart de culture et de religion musulmane, et par ailleurs ils se sont engagés et ont mené une politique proche-orientale, ouvertement anti-musulmane, une politique qui consistait justement à exciter les Musulmans contre la France en menant des guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Mali, en République centrafricaine tout en continuant à l'intérieur d'ostraciser les musulmans en interdisant le voile au nom de l'archaïsme de la laïcité.

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Or, quand on choisit délibérément de faire entrer sur son sol des milliers de musulmans, peut-on se permettre d'avoir une politique laïciste mais surtout pro-israélienne au Moyen-Orient alors que rien en plus ne nous y obligeait ? Le gouvernement français sait parfaitement que la France est le pays d’Europe qui compte à la fois la communauté juive et la communauté arabo-musulmane la plus nombreuse d'Europe. Par ailleurs, il sait aussi que les sociétés multiculturelles, multiethniques et multiconfessionnelles sont toujours potentiellement des sociétés conflictuelles (Liban, Kosovo, pays africains, Inde). On ne peut donc pas quand on a une forte population musulmane sur son sol avoir n'importe quelle politique internationale. C'est une question de responsabilité et de sens de l'intérêt général. Contrairement à ce que l’on nous serine, il ne s’agit pas non plus d’un combat pour la liberté de la presse (les mêmes demandaient, il y a un mois, la censure de Zemmour, il y a un an l'arrestation de Dieudonné et applaudissait à l'arrestation de Kemi Seba  mais d’une guerre dans le cadre d'une politique internationale clairement définie, réfléchie et choisie. De même qu'en économie, il y a d'autres choix que celui de l'épargne négatif, de l'austérité ou de l'euro, il y avait aussi pour la France d'autres choix possibles en politique internationale. Une autre politique arabe de la France était et demeure envisageable. Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius sont les véritables responsables des attentats du 7 janvier. 

A qui profite le crime ?


Après tout, après un événement de ce type, c'est la question que doit se poser l'expert. À qui ou à quoi peut servir le crime ? Dans le cas présent, certainement pas aux musulmans. Alors, qui  ? Tentons de répondre en prenant comme précaution de souligner que souvent dans ce genre d'événements, celui qui tire les marrons du feu n’est pas forcément l'instigateur ou le commanditaire de l'événement.  Premièrement, dans la conjoncture économique française mais aussi européenne avec un éventuel prochain éclatement de l’Euroland si la Grèce en sort, le premier gagnant est bien entendu le chef de l’État français François Hollande dont la cote de popularité, au moins dans le « peuple de gauche », devrait remonter en flèche.  C'est d'ailleurs exactement ce qui vient de se passer. Le chef de l’État apparaît donc pour un temps comme le sauveur du pays, celui qui a su unir les Français — de la République à la Nation — au moins le temps d’une grande “messe” vespérale qui a permis de ressouder, avant des échéances électorales, un peuple de gauche sidéré par la politique économique des socialistes ? Hollande aurait pris soudainement une stature devant « cinquante chefs d’État et de gouvernement ». Notons tout de même que le secrétaire d’État John Kerry était absent. Cette absence doit être remarquée. S'il est bien un service qui doit savoir quelque chose sur les commanditaires des attentats de Paris, ce sont en effet les services américains. Il semblerait qu'il y ait ici quelques divergences d'approche dangereuses pour le pouvoir socialiste en place car inévitablement il y aura des fuites lâchées par Washington, le Pentagone ou la NSA. Sans la présence américaine, Paris n'était pas vraiment  « la capitale du monde » ce dimanche. 

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Jetons un œil maintenant sur le calendrier et simplement sur la date du 7 janvier 2015. Les Palestiniens sont devenus officiellement membres de la Cour pénale internationale (CPI) le mercredi 7 janvier, malgré les objections des États-Unis. Le fait est d'importance car il permettra à la Palestine de mettre Israël en accusation devant cette juridiction compétente pour juger les crimes de guerre. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a accepté le mercredi 7 janvier la demande palestinienne d’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) déposée le vendredi 2 janvier. L’adhésion de la Palestine en tant qu'Etat devrait intervenir le 1er avril. Avant cette demande d’adhésion, le président palestinien Mahmoud Abbas avait fait une déclaration préalable reconnaissant la compétence de la Cour pour les crimes de guerre commis par Israël, lors de l’offensive militaire de juillet 2014.

En autorisant l’Autorité palestinienne à adhérer à la CPI, on reconnaît son statut d’État, car seul un État peut y adhérer. La Palestine a maintenant l’obligation de mettre en conformité son droit national avec celui du statut de Rome et doit ratifier l’accord sur les « privilèges et immunités » qui permettront aux membres de la CPI de travailler sur le territoire palestinien en toute liberté. Benjamin Netanyahu risque d'être recherché pour crime de guerre. Or, jamais Israël ne saurait l'accepter. Jamais Israël n'acceptera qu’un de ses soldats ne tombe sous la coupe de la CPI. La bataille se situe maintenant sur le terrain politique. Ainsi, la Palestine souhaitait que les pays européens, au nom de l’Union européenne, fassent une déclaration se félicitant de l’adhésion de cet État au statut de Rome, comme c’est le cas à chaque fois qu'un Etat adhère au CPI. On attendait cette déclaration sous peu. Les attentats de Paris la rendent impossible. On bombardera à nouveau Gaza. 

Le 7 janvier 2015, soit quelques heures seulement avant l'attentat contre Charlie Hebdo, au petit matin, appareillait discrètement vers les côtes du Levant l’un de nos submersibles nucléaires d’attaque. En effet, le 6 janvier, « Mer et Marine » a annoncé le départ imminent en mission opérationnelle du porte-avions Charles de Gaulle et de sa flottille d’accompagnement vers les eaux du Golfe, à portée de tir de la Syrie. L’État islamique est la cible clairement désignée. On notera ici la remarquable concordance des événements. Or, l’envoi de nos meilleurs éléments de combats vers une zone d’opération potentielle ne s’improvise pas. Posons alors la question suivante : y aurait-il un rapport quelconque entre la tuerie parisienne, l’électrochoc national et occidental qu’elle a déclenché et des préparatifs d’offensive en Irak et au Levant avec en réalité pour objectif réel la mise à bas du pouvoir légal de Damas ?

Nous avons expliqué ici et largement argumenté sur la question que l'instrumentalisation de Daesh ne visait qu'un retournement tactique contre Damas. La décision d'en finir en début d'année avec Damas aurait-elle été prise ? Or, si l’hypothèse de l’imminence d’un conflit ouvert avec la Syrie, officiellement contre Daech, mais avec de solides perspectives de débordement vers les côtes méditerranéennes tenues par le régime syrien est la bonne, les Français qui, par millions, viennent de plébisciter avec leur charlotterie une présidence hier encore en complète faillite risquent bien de se retrouver avec une guerre bien réelle mais celle justement contre laquelle ils ont manifesté : une guerre de civilisation. En réalité, nous sommes déjà en guerre mais les Français ne le savent pas car ils ignorent la politique étrangère de la France ou pire croient que ceux qui décortiquent d'un point de vue critique cette politique étrangère de la France sont des complotistes, nouveau mythe incapacitant forgé pour paralyser l'intelligence et la volonté des intellectuels et chercheurs occidentaux à creuser et à trouver la vérité. 

hollande04.pngEnfin posons une dernière question mais elle est évidente : n'y aurait-il pas en dehors de François Hollande un autre lauréat ou lauréate du loto de la terreur ? Un correspondant lointain totalement  obsédé par le danger du Front National en vient à supposer dans son délire la main de Le Pen derrière les attentats. Stupide mais très curieusement et pour la première fois, le New York Times, véritable baromètre des mondialistes, des occidentistes accorde dans l'événement ses faveurs à Marine Le Pen en lui donnant la préséance sur François Hollande ou tout autre homme politique français. Sous un titre très habile « In Cold Political Terms, Far Right and French President Both Gain » traduisible « en termes froidement politiques, l’extrême droite et le président français sont tous deux gagnants ».  

Le New York Times prend en réalité position non dans le texte mais dans la manière d'assortir ses deux photos d'illustration. Le choix du montage est sans ambiguïté, les faveurs vont à la dame. La photo de Hollande, choisi comme plus benêt que jamais, arrive en second. De plus, l’image de François Hollande a été volontairement réduite ce qui est toujours la règle dans la presse pour une « mineure ». Ce choix éditorial en dit long quand et on sait ce qu’est le New York Times, organe de référence et même « la voix » quasi officielle du pouvoir mondial. Les élites mondialisées auraient-elles déjà choisi Marine Le Pen comme futur chef d’Etat français ? Mais alors, si c'était le cas, la France de Gauche sera comme nous le pressentions bien en début d'année morte et enterrée en 2015.

Ce qui se passe n'est donc tout simplement que son chant du cygne.

Comment lutter contre le terrorisme en France (en Europe)?

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Comment lutter contre le terrorisme en France (en Europe)?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

N'ayons pas l'outrecuidance ici de prétendre apporter des réponses à cette vaste question. Certains journaux et blogs, notamment à l'étranger, écrivent que la question ne se pose pas. Le terrorisme selon eux résultent de manipulations montées par les gouvernements et les pouvoirs occultes qui sont derrière eux pour augmenter encore le contrôle qu'ils exercent sur les populations. Pour nous, même si tout n'est pas entièrement faux dans ces affirmations, nous ne pourrions pas nier sauf à nier l'évidence, l'existence du terrorisme (principalement djihadiste) Il faut donc lutter contre lui, sauf à laisser nos sociétés se transformer en enfer. Les pouvoirs publics ont nécessairement un rôle essentiel à jouer, si possible en plein accord avec la majorité des Français.
 
Mais alors, en tant que citoyens de la base, pourrions nous faire des recommandations à ceux qui ont, à tous les niveaux de l'Etat, en commençant par l'Elysée, la mission d'assurer cette lutte. Certes. Voici certaines d'entre elles:

1) Refuser sauf exception la collaboration avec les Etats-Unis, ceci pour trois raisons. 1. Au plan géostratégique global, c'est Washington qui par des interventions catastrophiques multiples, au service de ses intérêts immédiats, a transformé le Proche et Moyen Orient en chaudron de sorcière. Il continue à le faire en collaborant avec les pires théocraties, celles du Golfe, qui financent par ailleurs à tout va le terrorisme. 2. Collaborer avec eux consisterait à faire, plus encore qu'aujourd'hui, le jeu de leurs centrales de collectes de renseignement (NSA, CIA.). L'ambition de ces dernières est d'espionner tous les citoyens du monde. Ceci ne leur permet pas cependant de détecter les quelques individus effectivement dangereux, comme les faits l'ont démontré dans de multiples cas, y compris concernant les frères de sinistre mémoire 1) .3. Enfin, si les services américains envisagent des opérations véritablement intéressantes, ils n'y associeront pas leurs « alliés ». Chacun pour soi. Il est donc vain de compter sur eux en profondeur.

2) Faire appel d'abord à nos propres forces, tant en matière de prévention que de lutte. Or ces forces se révèlent, malgré leur professionnalisme, cruellement sous équipées en hommes et en matériels. Il devrait donc débloquer sans délais des budgets de plusieurs milliards d'euros au profit des ministères compétents (Intérieur, Défense) Ceci quel que soit l'ambition de réduire l'ampleur de la dette (d'ailleurs, qui en guerre s'est jamais préoccupé de dette ?). Le gouvernement, soutenu pour le moment par le Parlement, étudie un programme de renforcement. Mais il risque de se trouver tout de suite bridé car les crédits manqueront. La France doit donc obtenir sans attendre le relais de la Banque centrale européenne, sous forme d'avances (eurobonds) à durée indéterminée.

3) En ce qui concerne le renseignement, sans mésestimer l'importance de la surveillance des réseaux numériques, il apparaît de plus en plus nécessaire d'en revenir aux vieilles méthodes du renseignement humain (dit Humint, Human intelligence). Mais pour cela il faut reconstituer (l'on retrouve ici aussi la question des budgets) des équipes qui aujourd'hui ont été considérablement réduites et peu soutenues par les pouvoirs publics.

4) Au plan européen, il faut convaincre de la nécessité de tout ce qui précède, comme de l'urgence d'une meilleure collaboration, les Etats membres de l'Union européenne, qui brillent encore par leur laxisme. Ne détaillons pas la question ici.

5) Enfin, au plan diplomatique général, un renversement complet des alliances s'impose à la France et plus généralement à l'Europe . Nous voulons dire par là qu'il convient de reprendre toutes collaborations utiles avec la Russie. Elle affronte à des échelles différentes les mêmes problèmes que la France, et ne demanderait pas mieux de coopérer. Mais ceci voudrait dire une nouvelle fois se débarrasser de la tutelle américaine, qui ne vise qu'à nous transformer en ennemis définitifs de ce pays et de son président Poutine. Par ailleurs, au lieu de continuer à rechercher la chute de Bashar al Assad, en armant une armée syrienne libre pépinière de djihadistes, il faudrait collaborer le plus possible avec lui. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un ange. Néanmoins, il représente, ainsi que plus généralement les Alaouites,  le seul soutien aujourd'hui à des intérêts essentiels à l'Europe, y compris le soutien aux Chrétiens d'Orient. La même chose devrait être envisagée (avec prudence...) concernant l'Iran ou l'Egypte du président al Sissi.

Note

1) Cf.ce qu'écrit le « libertarien » Ron Paul, cité par De Défensa http://www.dedefensa.org/article-pas_la_libert_d_expression_plut_t_la_lib_ration_de_l_expression__14_01_2015.html

Another lesson from the attack is that the surveillance state that has arisen since 9/11 is very good at following, listening to, and harassing the rest of us but is not very good at stopping terrorists. We have learned that the two suspected attackers had long been under the watch of US and French intelligence services. They had reportedly been placed on the US no-fly list and at least one of them had actually been convicted in 2008 of trying to travel to Iraq to fight against the US occupation. According to CNN, the two suspects traveled to Yemen in 2011 to train with al-Qaeda. So they were individuals known to have direct terrorist associations .

Voir aussi  Lessons from Paris http://original.antiwar.com/paul/2015/01/12/lessons-from-paris/

 

Jean Paul Baquiast

UNE STATION ESPION AMÉRICAINE, EN PLEIN PARIS

INCROYABLE : UNE STATION ESPION AMÉRICAINE, EN PLEIN PARIS

par Robert Spieler

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

 

uSspying2014052709283151319.jpgOn savait déjà que la Chine espionnait la France grâce à une station d’écoute installée sur le toit d’une annexe de l’ambassade de Chine à Chevilly Larue, en banlieue parisienne. La NSA américaine a, quant à elle, installé une station d’écoute sur le toit de l’ambassade des Etats-Unis, place de la Concorde, à quelques mètres de l’Elysée. Les fenêtres avec volets fermés que l’on peut voir sont en fait fausses, à la façon des villages Potemkine, créés afin de masquer leur pauvreté lors de la visite de l’impératrice Catherine II en Crimée en 1787… Cette station d’écoute qui ne cible pas que les Français, a sans doute été installée entre 2004 et 2005. Elle est opportunément située à seulement 350m du palais de l’Elysée, 450m du Ministère de l’Intérieur, 600m du Ministère de la Justice, 700m du Ministère des Affaires Etrangères et de l’Assemblée Nationale, et 950m du Ministère de la Défense (et on trouve également dans un rayon d’un kilomètre plusieurs ambassades et des entreprises stratégiques)… Cette pratique est évidemment courante dans le monde du renseignement. Les Israéliens et les Russes, notamment, s’en donnent à cœur joie, eux aussi. Mais les Américains n’ont, cette fois-ci, sans doute pas commis l’incroyable faute de confier à des entreprises locales les travaux de rénovation de leur ambassade. Comme à Moscou, il y a 50 ans. Ils avaient alors décidé de construire une nouvelle ambassade, dont les travaux furent confiés à des entreprises soviétiques. Résultat : l’ambassade se trouva truffée de micros et fut inutilisable. Il est vrai que les Soviétiques savaient y faire. Une anecdote : à l’époque gaulliste, l’ambassadeur de France à Moscou était tombé sous le charme d’une ravissante Soviétique qui travaillait bien entendu pour le KGB. Il fut filmé dans ses ébats en long et en large, si l’on ose dire. Le KGB tenta de le faire chanter. Il eut l’honnêteté de se dénoncer et fut derechef rapatrié en France. De Gaulle, qui ne manquait pas toujours d’humour, le convoqua et lui posa la question suivante : « Alors, on couche ? »

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samedi, 17 janvier 2015

L’affaire des attentats de Charlie Hebdo vue différemment



L’affaire des attentats de Charlie Hebdo vue différemment avec Jean-Yves Le Gallou dans le dernier I-Média !

Réinformation totale sur l'affaire des attentats islamistes et zoom sur le mouvement de contestation contre l'islamisation de l'Allemagne PEDIGA avec Jean-Yves Le Gallou dans le dernier I-Média ! Face à la pensée unique des grands médias, partagez massivement l'information libre et alternative !

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vendredi, 16 janvier 2015

Usa Vs Russia? Il punto è il controllo dell'Europa

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Usa Vs Russia? Il punto è il controllo dell'Europa

L’ostilità americana verso la Russia post-sovietica è astiosa quanto quella che fu riservata all’URSS. La cosa può stupire, visto il desiderio dei dirigenti della nuova Russia di essere accolti a pieno titolo nel sistema occidentale.

Il fatto si spiega se consideriamo che l’ideologia è solo un pretesto per coprire le vere motivazioni profonde dei comportamenti nei rapporti politici e fra gli Stati. In realtà quello che l’Impero anglo-americano temeva non era il cosiddetto comunismo. Banchieri, monopolisti, vertici dei servizi segreti, cioè quelli che sanno e che contano, sapevano bene che un’economia rigidamente e burocraticamente pianificata non avrebbe retto il confronto con le dinamiche del Mercato occidentale. Il problema non era l’URSS comunista, il problema era il controllo dell’Europa e pertanto il timore che la Russia, sovietica o “democratica” che fosse, ne diventasse egemone nonostante l’inadeguatezza economica.

Impedire che una potenza unificasse l’Europa o comunque ne diventasse la forza-guida, è sempre stata la massima preoccupazione dell’Impero britannico. L’Europa, con le sue centinaia di milioni di abitanti, col suo alto reddito, col suo potenziale industriale e culturale, diventerebbe automaticamente la prima potenza mondiale se una delle nazioni che la costituiscono si ponesse alla testa di un moto rivoluzionario di unificazione continentale.

La Gran Bretagna durante il XVIII e XIX secolo ha combattuto tenacemente per mantenere l’Europa continentale divisa e in particolare per contrapporsi a una potenza che fosse in grado di prevalere sulle altre del continente. Così si spiegano le guerre del Settecento e quelle napoleoniche, in cui la Gran Bretagna ha condotto una lotta vincente contro le pretese egemoniche della Francia. Nell’Ottocento, quando anche la Russia zarista assunse un volto minaccioso per gli interessi inglesi, la Gran Bretagna non esitò, insieme alla Francia, ad unirsi all’Impero musulmano turco per impedire ai russi di penetrare nel Mediterraneo, e fu la guerra di Crimea (precedente inquietante alla luce dei fatti odierni). L’Inghilterra favorì anche il processo di unificazione d’Italia, mentre la Francia avrebbe voluto una penisola politicamente divisa in tre Stati, perché un’Italia unita e indipendente poteva fare da contrappeso alla Francia sul fianco meridionale del continente. 

Dopo la guerra franco-prussiana e l’unificazione della Germania, il Reich di Berlino divenne il primo nemico di Sua Maestà Britannica, e furono due guerre mondiali.

Gli USA hanno ereditato questa stessa visione strategica dai cugini inglesi. Anche per gli inquilini della Casa Bianca la carta decisiva per il dominio mondiale è il controllo dell’Europa.  Anche loro sanno che l’Europa deve restare divisa oppure gravitare attorno a una potenza comunque subordinata all’Impero anglosassone. Dopo la sconfitta della Germania nazista, l’ultima potenza che ha cercato di unire il continente con la forza delle armi e di un’ideologia che aveva trovato simpatie e collaborazioni nonostante la sua impronta etnica, il grande nemico, anch’esso fortemente armato e portatore di un’ideologia per molti attraente, diventava l’URSS. Per questo, per il timore che l’intero continente gravitasse nell’orbita sovietica e non per la minaccia comunista in sé, il confronto è stato durissimo per decenni, fino al collasso del più debole.

Da certi punti di vista, nonostante lo smembramento di quella che fu l’URSS, o forse proprio per questo, la nuova Russia è stata subito avvertita come una rinnovata minaccia. Una Russia più efficiente economicamente dopo aver adottato le regole del Mercato ed etnicamente più compatta, poteva aspirare ad attrarre nella sua orbita un’Europa dipendente dalle sue forniture energetiche. Un’Europa divisa in tanti Stati sarebbe stata debole di fronte alla Russia. Per l’Impero anglo-americano era preferibile un’Europa unita sotto l’egemonia di una Germania a sua volta sottoposta ai voleri di Washington.

Così tutto diventa assolutamente coerente: l’importanza del TTIP, il trattato che legherebbe indissolubilmente l’UE agli USA, le manovre tendenti a sganciare l’UE dalla dipendenza dalle fonti energetiche russe, il colpo di stato in Ucraina col coinvolgimento della Germania che farebbe di quel Paese una sua appendice economica, l’estensione della NATO sempre più a est.

Il comunismo non c’entrava, come non c’entra la polemica “democratica” contro “l’autoritarismo” russo. Quella è solo “ideologia come falsa coscienza”. Oggi come sempre la linea strategica dell’Impero marittimo anglo-americano è quella di tenere in pugno il continente europeo, per avere l’egemonia sul mondo intero. Il punto debole di questa strategia consiste proprio nell’essere ancorata al criterio della centralità europea. L’Europa, invasa da masse di migranti, invecchiata nella sua popolazione autoctona, presa dalla spirale di una crisi economica apparentemente senza soluzioni immediate, con una gioventù disorientata e sradicata, è in piena decadenza. Respingere la Russia verso la sua dimensione asiatica potrebbe essere controproducente, perché un blocco russo-cinese per le sue potenzialità militari, umane ed economiche rappresenterebbe un polo antagonista formidabile.

Tutto è molto chiaro, molto coerente, molto leggibile, ma anche tremendamente incerto negli esiti finali. “Tremendamente” perché proprio l’estrema vicinanza delle basi NATO ai confini russi fa balenare la tentazione del “primo colpo”, da una parte e dall’altra, e sarebbe un colpo nucleare. Questa è la scena che il teatro del mondo ci offre all’apertura del sipario sul 2015. 

Luciano Fuschini

What Freedom of Speech?

What Freedom of Speech?

I might be a terrorist for executing my freedom of speech.jpgThe photos of 40 of the world’s government leaders marching arm-in-arm along a Paris boulevard on Sunday with the president of the United States not among them was a provocative image that has fomented much debate. The march was, of course, in direct response to the murderous attacks on workers at the French satirical magazine Charlie Hebdo by a pair of brothers named Kouachi, and on shoppers at a Paris kosher supermarket by one of the brothers’ comrades.

The debate has been about whether President Obama should have been at the march. The march was billed as a defense of freedom of speech in the West; yet it hardly could have been held in a less free speech-friendly Western environment, and the debate over Obama’s absence misses the point.

In the post-World War II era, French governments have adopted a policy advanced upon them nearly 100 years ago by Woodrow Wilson. He pioneered the modern idea that countries’ constitutions don’t limit governments; they unleash them. Thus, even though the French Constitution guarantees freedom of speech, French governments treat speech as a gift from the government, not as a natural right of all persons, as our Constitution does.

The French government has prohibited speech it considers to be hateful and even made it criminal. When the predecessor magazine to Charlie Hebdo once mocked the death of Charles de Gaulle, the French government shut it down — permanently.

The theory of anti-hate speech laws is that hate speech often leads to violence, and violence demands police and thus the expenditure of public resources, and so the government can make it illegal to spout hatred in order to conserve its resources. This attitude presumes, as Wilson did when he prosecuted folks for publicly singing German songs during World War I, that the government is the origin of free speech and can lawfully limit the speech it hates and fears. It also presumes that all ideas are equal, and none is worthy of hatred.

When the massacres occurred last week in Paris, all three of the murderers knew that the police would be unarmed and so would be their victims. It was as if they were shooting fish in a barrel. Why is that? The answer lies in the same mentality that believes it can eradicate hate by regulating speech. That mentality demands that government have a monopoly on violence, even violence against evil.

So, to those who embrace this dreadful theory, the great loss in Paris last week was not human life, which is a gift from God; it was free speech, which is a gift from the state. Hence the French government, which seems not to care about innocent life, instead of addressing these massacres as crimes against innocent people, proclaimed the massacres crimes against the freedom of speech. Would the French government have reacted similarly if the murderers had killed workers at an ammunition factory, instead of at a satirical magazine?

And how hypocritical was it of the French government to claim it defends free speech! In France, you can go to jail if you publicly express hatred for a group whose members may be defined generally by characteristics of birth, such as gender, age, race, place of origin or religion.

You can also go to jail for using speech to defy the government. This past weekend, millions of folks in France wore buttons and headbands that proclaimed in French: “I am Charlie Hebdo.” Those whose buttons proclaimed “I am not Charlie Hebdo” were asked by the police to remove them. Those who wore buttons that proclaimed, either satirically or hatefully, “I am Kouachi” were arrested. Arrested for speech at a march in support of free speech? Yes.

What’s going on here? What’s going on in France, and what might be the future in America, is the government defending the speech with which it agrees and punishing the speech with which it disagrees. What’s going on is the assault by some in radical Islam not on speech, but on vulnerable innocents in their everyday lives in order to intimidate their governments. What’s going on is the deployment of 90,000 French troops to catch and kill three murderers because the government does not trust the local police to use guns to keep the streets safe or private persons to use guns to defend their own lives.

Why do some in radical Islam kill innocents in the West in order to affect the policies of Western governments? Might it be because the fruitless Western invasion of Iraq killed 650,000 persons, most of whom were innocent civilians? Might it be because that invasion brought al-Qaida to the region and spawned ISIS? Might it be because Obama has killed more innocent civilians in the Middle East with his drones than were killed by the planes in the U.S. on 9/11? Might it be because our spies are listening to us, rather than to those who pose real dangers?

What does all this have to do with freedom of speech? Nothing — unless you believe the French government.

Reprinted with the author’s permission.

jeudi, 15 janvier 2015

Hinter dem Verfall des Rubels steckt ein Wirtschaftskrieg der USA

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Hinter dem Verfall des Rubels steckt ein Wirtschaftskrieg der USA
 
Ex: http://unzensuriert.at

Der Rubel wurde durch einen gezielten Wirtschaftskrieg destabilisiert!

Die seit Wochen sinkenden Energiepreise, Sanktionen westlicher Nationen gegen Russland und Spekulationen auf den Währungsmärkten führten im Dezember beinahe zum Zusammenbruch des russischen Rubels. Dahinter stecken aber keineswegs freie Entwicklungen auf den Finanzmärkten oder verfehlte Politik in Russland, sondern vielmehr kalkulierte wirtschaftliche Angriffe, um Russland weiter zu destabilisieren und Putin unter Druck zu setzen. Ein Wirtschaftskrieg ist in vollem Gange.

USA bekennen sich offen zu Destabilisierung

Das hinter der Destabilisierung der russischen Wirtschaft mitsamt Währungsverfall und massiver Inflation die US-Administration unter Barack Obama steckt, wurde bereits im Mai diesen Jahres deutlich. Daniel Glaser, ein Sekretär im amerikanischen Finanzministerium, meinte damals im Ausschuss für Äußere Angelegenheiten im US-Repräsentantenhaus, die Sanktionen gegen Russland würden nicht nur auf die Kappung des Außenhandels mit der EU und den USA abzielen, sondern auch auf eine Destabilisierung des Rubels und eine damit massiv einhergehende Inflation. Auch wollte man mit der Destabilisierung der russischen Wirtschaft einen Devisen- und Goldverkauf erzwingen, da die Russen an die 418 Milliarden Dollar in ausländischen Währungen und Gold besitzen. Wladimir Putin meinte aber erst kürzlich in einem Gespräch über die Vorgehensweise der russischen Zentralbank, das man keinesfalls die Goldreserven des Landes anrühren und auf den Markt werfen werde.

Ein wichtiger Faktor im Kampf um die russische Wirtschaft ist der Energiepreis. Russland ist traditionell stark abhängig von den Gas- und Ölpreisen. Diese sanken in den vergangenen Monaten massiv, vor allem auf Betreiben der USA. Diese fluteten mit eigenem Gas und Öl aus der Fracking-Gewinnung die Energiemärkte und verursachten somit einen Preissturz. Damit konnte man neben Russland auch gleich zwei weitere erdölexportierende Erzfeinde, Venezuela und den Iran, schwächen. Dieselbe Taktik wendete die US-Regierung bereits während des Afghanistan-Krieges der Sowjetunion an, um eine Niederlage dieser zu forcieren. Russland lässt sich dennoch nicht abschrecken und macht genau das Gegenteil von dem, was man erwartet. Es investiert seine nationalen Reserven in die eigene Wirtschaft und versucht, den sozialen und öffentlichen Sektor zu stärken.

Russland sucht sich neue Partner

Durch den Wirtschaftskrieg des Westens geht vor allem der Europäischen Union ein überlebenswichtiger Handelspartner verloren, wie die negativen Auswirkungen der Sanktionen bereits verdeutlichten. Russland orientiert sich mit seiner Energie- und Investitionspolitik verstärkt in den Osten nach Asien. Somit wird auch die Türkei gestärkt, die nun durch das Ende des South-Stream-Projektes eine mächtige Position in der europäischen Energieversorgung einnimmt. Da sich die Türkei als Partner Russlands positionierte, bekommt sie somit das Gas Russlands zu einem billigeren Preis als die EU. Aber auch China wird zu einem der wichtigsten Handelspartner Russlands. Enorme Investitionen in beiden Ländern werden geplant und Gasdeals in Milliardenhöhe abgeschlossen, auch weil sich beide Länder auf einen Handel in den einheimischen Währungen geeinigt haben, unabhängig vom US-Dollar. Der vom Westen erhoffte politische Regimewechsel in Russland, aufgrund der wirtschaftlichen Destabilisierung, dürfte somit in absehbarer Zeit nicht eintreten.

Eurasian Economic Union Came into Force

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Alexander MEZYAEV
Strategic-Culture.org

Eurasian Economic Union Came into Force

As the new year started, the Eurasian Economic Union (the EEU) signed on May 29, 2014 came into force to include Russia, Belarus, Kazakhstan, Armenia and Kirgizia. The EEU boasts the population of 183 million (the seventh largest in the world) and covers over 20 million square kilometers (15% of the earth’s land). The organization is the largest world gas (22% of global output) and oil (14, 6% of global output) producer, the second largest producer of mineral fertilizers (14% of world output), the third largest energy (9% of global output) producer and the fourth largest producer of steel (6% of global production) and coal (6% of global output)…(1) But what really matters is that the Eurasian Union is «a model of a powerful, supranational association capable of becoming one of the poles of the modern world …to play an effective bridge role between Europe and the dynamic Asia-Pacific region». (2) The EEU is an international organization based on regional economic integration or an international entity. It means that the decisions of its organs (the Eurasian Economic Council, the Economic Commission, and the Economic Court) become norms of international law. It’s very important. For a long time Russia has adhered to the legal norms created by others. It has become unacceptable as the current system of international law is being destroyed to be replaced by repressive legal system. The adoption of common foreign trade and customs policy is a matter of special importance. The foreign commerce will be based on the principles of free trade and the regime of most favored nations. The EEU members will coordinate the activities in agriculture, industry, energy and stick to common sanitary and technical standards. A common market of pharmaceuticals is to be in place by 2016. A common energy market is to be formed by 2019 and a common oil, gas and oil products market is to become a reality by 2025. It is emphasized that the Union is an economic organization. The history has the examples of international economic organizations gradually turning into political or even military unions. The Economic Community of West African States (ECOWAS) is a good example. Not much time passed since its inception as it shifted the focus from purely commercial projects to military operations on the territories of member-states. There have been attempts made to create an association of post-Soviet countries going beyond the limits of economic cooperation. They all have failed. Some time ago the President of Kazakhstan opposed the accession of Kyrgyzstan, Tajikistan and Armenia to the Customs Union. At the same time he supported the idea of Turkey’s membership only to prevent the Union from becoming a supranational political entity like the European Union. The provisions on common citizenship, common foreign policy and common protection of borders were excluded from the text of the treaty. 

The EEU is coming into force against the background of Russia’s visible intensification of policy aimed at achieving agreements with the neighboring states, especially with the ones tied to Russia by the Union. On December 22, the presidents of Russia and Kazakhstan exchanged ratification documents on the Russia-Kazakhstan Treaty on Good-Neighborly and Allied Relations in the 21st Century. The treaty does not cancel the basic Treaty of Friendship, Cooperation and Mutual Assistance signed between Russia and Kazakhstan in 1992. To the contrary the both treaties complement each other to be implemented in parallel. On December 23, a treaty on the relations between Russia and Abkhazia was submitted to the State Duma for ratification. It was signed on November 24 to bring the relationship to a new level. As far back as 2008 (right after Abkhazia became an independent state) Russia and Abkhazia concluded a friendship, cooperation and assistance treaty. The new document is called the Russian-Abkhazian Treaty on Allied Relations and Strategic Partnership. The treaty will make Russia invoke Article 15 (clause 4) of the Constitution which proclaims the priority of international law over Russian domestic law. The new document streamlines the procedures required to grant Russian citizenship to the citizens of Abkhazia. It is mainly focused on common foreign and military policy, as well as social and political issues. The common foreign policy presupposes closely coordinated activities aimed at strengthening peace and enhancing stability and security. In particular, Article 4 of the treaty envisions that the Russian Federation «will in all possible ways contribute to strengthening the international ties of the Republic of Abkhazia, including expansion of the range of states that officially recognized it, and creation of conditions for the admission of the Republic of Abkhazia to international organizations and associations, including those established on the initiative and/or with assistance from the Russian Federation». Article 6 is also important. It says that should one of the sides come under aggression (armed attack) from any state or a group of states, «this will be considered as aggression [armed attack] also against the other State party». In this case, the sides will grant each other «the necessary assistance, including military, and render support by available means to exercise the right to collective defense». The provision corresponds to international law, especially to Article 51 of the UN Charter. The treaty states that the defensive measures are to be reported without delay to the Security Council of United Nations and their implementation is to be carried out in accordance with the United Nations Charter. The treaty stipulates the establishment of a Joint Group of Forces of the Russian Federation’s Armed Forces and Abkhazia’s Armed Forces to repel aggression. It will have joint command structures and defense infrastructure. The respective Russian organ is to assign a commander in the period of immediate threat or combat action. (3) A more detailed agreement will make precise the procedures. (4) The document envisions the creation of common defense, security, social, economic, cultural and humanitarian space. A new treaty with South Ossetia is being prepared (5). It will to large measure amend the 2008 treaty concluded immediately after the recognition of South Ossetia by Russia as an independent state. Anatoly Bibilov, the speaker of South Ossetian parliament, said the treaty will meet the basic interests of the republic striving for maximum integration with Russia and the development of cooperation in different spheres. 

Going back to the Eurasian Union treaty it should be noted that the organization is open to any state which shares its goals and principles on the conditions agreed with all member-states. In the second half of 2014 two states became the Union’s members. Armenia signed the treaty on October 10, 2014 to be joined by Kyrgyzstan on December 23. Armenia also joined the Customs Union and the Single Economic Space. President Putin visited Uzbekistan. The both parties agreed to hold consultations on possible conclusion of free trade zone treaty between Uzbekistan and the Eurasian Economic Treaty. The Speaker of the Federation Council of the Federal Assembly of the Russian Federation reported that the consultations are held on possible accession of Tajikistan to the Eurasian Economic Union… 

The creation of the Eurasian Economic Union is a result of long preparatory work within the framework of the Eurasian Economic Community and the Customs Union. Summing it up President Putin said «Our integration project is already producing practical results. Trade within the Customs Union has increased by 50 percent since July 1, 2011, and now comes to more than 64 billion dollars. We have improved our trade structure. Processed goods have gradually started replacing raw materials. Their share has risen considerably, while the share of raw materials has fallen from 40 percent to 28.9 percent».

The West fiercely opposes the Eurasian Economic Union and the plans for its development. It should be realized that the construction of «a model of a powerful, supranational association capable of becoming one of the poles of the modern world» will require great efforts. The process will not be limited by economic issues only. It will be opposed in all spheres. 

Footnotes:
1) The official website of the Eurasian Economic Union:
http://www.eurasiancommission.org/ru/Pages/ses.aspx
2) That’s how President Putin described the process Russia, Belarus and Kazakhstan unification in one of his articles which became part of his pre-election program in 2012. 
3) The joint force will include the units of Abkhazian and Russian armed forces. The military and the Ministry of Defense of Abkhazia continue to function as before under the national command.
4) Such an agreement may be concluded in three months after the treaty comes into force. 
5) On December 22, 2014, Vladislav Surkov, a presidential advisor, said that Work on a new treaty on alliance and integration between Russia and South Ossetia will be over by late January 2015.
 

mercredi, 14 janvier 2015

Le ras-le-bol des Européens ordinaires

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Le ras-le-bol des Européens ordinaires

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Invité du congrès européen du G.U.D. à Nanterre, le 22 novembre 2014, le porte-parole du M.A.S. (Mouvement d’action sociale), Arnaud de Robert, appelait dans son intervention au réveil des peuples européens (1). Les Européens l’ont-ils entendu ? Il faut le croire à la vue des événements récents qui secouent le Vieux Continent.

 

Depuis le 20 octobre 2014 se déroule chaque lundi soir dans un parc de Dresde une manifestation organisée par un groupe informel, animé par Lutz Bachmann, nommé P.E.G.I.D.A., ce qui signifie, dans la langue de Goethe, Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes, c’est-à-dire « Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident (2) ». Abendland présente une acception différente des concepts français et anglo-saxon d’Occident. Si, aujourd’hui, l’Occident désigne l’ensemble globalitaire américanocentré dont les bras armés sont, entre autres, l’O.T.A.N., le F.M.I., les firmes multinationales, Abendland peut se comprendre comme l’ancienne et traditionnelle définition française désignant l’œcumène européen médiéval. Il va de soi que les commentateurs français, incultes, n’ont pas compris cette sémantique, toujours obnubilés par leur antiracisme obsessionnel.

 

Une saine réaction populaire

 

Si les habitants de Dresde crient comme à l’automne 1989 peu de temps avant la chute du Mur qu’ils sont le peuple et expriment une inquiétude légitime envers les méfaits de l’immigration et de son corollaire, l’islamisation (même si tous les immigrés ne sont pas mahométans), P.E.G.I.D.A., phénomène inattendu, qui se décline dorénavant, fédéralisme allemand oblige, en variantes régionales autonomes (3), fut précédé par les « Villes contre l’islamisation » représentées par des groupes strictement municipaux en 2007 – 2008 tels Pro-Köln (« Pour Cologne »). Il surgit au lendemain de violentes échauffourées dans les rues de Hambourg entre Kurdes et les salafistes favorables à l’État islamique en Irak et en Syrie. Dès le 26 octobre 2014, 3 à 5 000 hooligans de Cologne manifestent contre les islamistes sous la bannière consensuelle de HoGeSa (Hooligans contre les salafistes). La réaction déborde rapidement le seul milieu hooligan pour atteindre une population exaspérée.

 

Il faut comprendre que les Allemands sont victimes des lois Harz. Entre 2003 et 2005, à la demande du gouvernement de coalition social-démocrate – Verts, l’ancien directeur du personnel de Volkswagen, Peter Harz, réforma dans un sens libéral le marché du travail via quatre lois scélérates. Leurs clauses fallacieuses imposent par exemple une mobilité professionnelle et géographique extravagante avec, pour les célibataires, au-delà de quatre mois, l’obligation de déménager afin d’accepter n’importe quelle proposition d’emploi; le développement des emplois à bas salaires (les « mini-jobs ») qui sont des emplois précaires à temps partiel variable; la réduction des indemnités chômage et un durcissement des conditions d’indemnisation. Dans le même temps, l’Allemagne accueille un nombre croissant de réfugiés extra-européens. Entre 2008 et 2014, leur nombre est passé de 28 000 à 200 000. Ils bénéficient d’avantages sociaux non négligeables.

 

Cette différence de traitement provoque l’indignation des citoyens allemands désormais prompts à s’exprimer hors d’un cadre institutionnel vérolé. Beaucoup de politiciens européens louent le soi-disant modèle allemand. Or, outre une natalité quasi-nulle et un vieillissement démographique avancé, savent-ils que leur référence suprême dispose d’infrastructures vétustes et de Länder surendettés, semblables à la Grèce ou à l’Italie, si bien que les conservateurs du Bade-Wurtemberg et de Bavière soutiennent un égoïsme régional et se refusent de payer pour Hambourg, la Poméranie ou le Hanovre ? Par ailleurs, l’Allemagne n’est pas une démocratie authentique : une terrible police politique surveille les pensées et les opinions tandis que des tribunaux peu scrupuleux condamnent à de lourdes peines de prison les adversaires du multiculturalisme marchand. Si sa partie occidentale subit depuis sept décennies un véritable lavage de cerveau collectif de la part des Alliés, experts en rééducation psycho-politique. L’ancienne R.D.A. a su paradoxalement préservé les mentalités traditionnelles allemandes.

 

Très vite, après avoir minimisé l’ampleur des manifestations, la classe politicienne qui est l’une des plus corrompues d’Europe, les médiats, les Églises et le patronat ont montré leur unanimité en accusant P.E.G.I.D.A. de xénophobie, de racisme, de populisme et, horresco referens, d’être infiltré par des néo-nazis et des skinheads ! Pourtant, plusieurs de ses équivalents locaux ont pour logo une main qui jette à la poubelle la croix gammée, le drapeau communiste, le symbole des antifa et l’étendard de l’État islamique. Seuls les responsables locaux du nouveau parti anti-euro A.f.D. (Alternative pour l’Allemagne) qui, à Strasbourg – Bruxelles, siège avec les nationaux-conservateurs polonais, les eurosceptiques tchèques et les tories britanniques, ont sinon appuyé pour le moins relayé ce mécontentement sans précédent.

 

P.E.G.I.D.A. s’oppose en premier lieu à la folle politique d’asile du gouvernement, dénonce l’islam radical, les tensions religieuses sur le sol allemand inhérentes à la cohabitation de masses étrangères ennemies les unes des autres chez elles, les groupes religieux radicaux ainsi que les immigrés délinquants. Ces dernières semaines, le mouvement a élargi ses thèmes à la préservation de l’identité allemande et à la contestation de l’idéologie gendériste. Ces mots d’ordre politiquement corrects trouvent un écho toujours plus large auprès de l’opinion publique. Ainsi, à Dresde, 500 personnes participèrent-elles à la première manifestation. Une semaine plus tard, le 10 novembre, elles étaient 1 700. La semaine d’après, les autorités relevaient entre 3 200 à 3 500 manifestants. Le 24 novembre suivant, elles étaient plus de 5 500 personnes. Le 1er décembre, la manifestation hebdomadaire réunissait 7 500 personnes. Le 15 décembre, environ 15 000 personnes battaient désormais le pavé. Ces démonstration de force suscitent des contre-manifestations d’idiots utiles qui brandissent des balais, ignorant que ce geste symbolique, typiquement populiste et anti-Système, revient à Léon Degrelle et au Rex dans les années 1930…

 

Le réveil breton

 

Ces démonstrations de masse ne se restreignent toutefois pas à la seule Allemagne. Il y a plus d’un an déjà, la Bretagne secouait le gouvernement français avec les « Bonnets rouges ». Ils surgissent à Pont-de-Buis, le 28 octobre 2013, quand plusieurs centaines de personnes démontent un portique écotaxe. La perception prévue d’une nouvelle contribution routière, nommée « écotaxe », soulève la fureur des petits patrons, des artisans et des commerçants bretons. Auparavant, les samedis 14 et 21 octobre 2013, des manifestations anti-écotaxes montraient la détermination des Bretons. Très vite, les « Bonnets rouges » rassemblent des ouvriers, des marins, des agriculteurs, des patrons, des artisans, des chômeurs, et montent divers collectifs dont celui qui s’intitule « Vivre, décider, travailler en Bretagne ». Leurs revendications sont, hormis la suppression de l’écotaxe, la gratuité des routes bretonnes, l’allègement des charges fiscales, la fin du dumping social, prévu pour des traités pseudo-européens, et la régionalisation.

 

Si toute la société armoricaine se mobilise, en revanche, des politiciens restés au schéma de la lutte des classes du XIXe siècle ne comprennent pas cette entente intercatégorielle. Il est intéressant de relever qu’un compte Facebook d’un collectif anti-écotaxe met en ligne, le 30 novembre 2013, une directive très nette : « Sans partis ni syndicats, juste tous ensemble pour dire stop ! ». Les « Bonnets rouges » bénéficient pourtant du concours de formations variées comme les nationalistes indépendantistes d’Adsav, le N.P.A., les autonomistes de l’U.D.B. (Union démocratique bretonne), le Parti breton, le Parti pirate – Bretagne, des fédéralistes et l’Organisation communiste libertaire.

 

Par leurs actions violentes, force est de constater que les « Bonnets rouges » ont fait reculer l’Élysée et Matignon qui viennent d’annuler le contrat conclu sous la présidence calamiteuse de Sarközy. Ce mouvement spontané a-t-il cependant eu une audience politique ? Non, répliquent les médiats-menteurs. Erreur ! Aux européennes de 2014 avec 7,19 %, la liste « Nous te ferons, Europe » conduite par le maire divers-gauche de Carhaix, Christian Troadec, aurait pu gagner au moins un siège si la circonscription s’était limitée à la seule Bretagne administrative qui « s’est illustrée comme la seule région de France où une formation politique autre que le F.N., l’U.M.P. et le P.S. apparaissait en tête de scrutin (4) ».

 

La grave crise de l’industrie agro-alimentaire qui frappe la Bretagne, longtemps avec l’Alsace, fer de lance de l’idée européenne pervertie en France, résulte de l’arrêt des aides de l’U.E. et de l’absence de tout protectionnisme aux frontières de l’U.E. ou de la France. Actuellement, l’Alsace semble elle aussi s’engager sur la voie de la contestation civile parce qu’elle refuse la fusion forcée et contre-nature avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Après les « Bonnets rouges », l’année 2015 verra-t-il les « Coiffes noires » dans les rues ?

 

Haut les fourches !

 

Il faut en tout cas le souhaiter. Ce ne serait pas la première fois. Pensons au poujadisme qui porta de redoutables coups à la IVe République pourrie entre 1956 et 1958. Mentionnons aussi dans la seconde moitié des années 1930 les effervescences paysannes dans l’Ouest et le Nord du pays encouragées par Henri Dorgères, futur élu poujadiste, et ses « Chemises vertes ». Plus récemment, souvenons-nous du 1991 – 1992 le climat quasi-insurrectionnel dans les campagnes par des paysans qui empêchaient les falots ministres P.S. de quitter leurs bureaux parisiens.

 

Mouvement informel, les « Bonnets rouges » représentent l’exaspération de différentes catégories socio-économiques pressurées par dix années de régime U.M.P. Chirac – Sarközy et dont l’alourdissement final opéré par le gouvernement Hollande – Ayrault déboucha sur une juste irritation. Les « Bonnets rouges », en dernière analyse, ne sont que l’aboutissement virulent et territorialisé d’un large ensemble d’initiatives anti-gouvernementales apparues sur Internet depuis 2012. Entrepreneurs et créateurs de « jeunes    pousses » constituèrent assez rapidement les « Pigeons », puis les patrons de P.M.E. se regroupèrent en « Dupés », les micro-entrepreneurs en « Plumés », les professions libérales en « Asphyxiés », les auto-entrepreneurs en « Poussins ». Une grogne perceptible et récurrente créa même les « Tondus », à savoir les petits patrons fatigués par l’outrecuidance de l’U.R.S.S.A.F., cette « U.R.S.S. à la française »… Le Régime a un instant craint que l’Hexagone soit contaminé par la révolte populaire italienne des Forconi.

 

 

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En janvier 2012 s’élance de Sicile le mouvement spontané des Forconi (« Grandes fourches ») à l’initiative de transporteurs routiers et d’agriculteurs qui brandissent leurs fourches. Ils contestent la hausse du prix de l’essence, l’alourdissement des taxes, la fermeture des usines et une réglementation démente édictée par la Commission pseudo-européenne. « En 2013 dans le pays, plus de 6 500 entreprises ont été déclarées en faillite, le taux de chômage a atteint 12,5 %, et quelque huit millions d’Italiens vivent en dessous du seuil de pauvreté d’après l’Institut national des statistiques italien (Istat) (5). » Dans un climat d’instabilité politique (Berlusconi a été évincé du gouvernement par un coup d’État merkelo-banksteriste approuvé par le président communiste atlantiste de la République Giorgio Napolitano en novembre 2011, remplacé par un gouvernement technicien « apolitique » aux ordres de Berlin et la kleptocratie financière apatride), de politique d’austérité exigée par le F.M.I, la B.C.E. et Bruxelles et d’agitations sociales (de nombreuses attaques contre les bureaux d’Equitalia, l’agence de recouvrement de l’administration fiscale), les Forconi se propagent dans toute la péninsule et fédèrent artisans, petits commerçants, chauffeurs de taxi, dirigeants de P.M.E., vendeurs ambulants, travailleurs précaires, étudiants, chômeurs, militants associatifs, tifosi de clubs de foot. Par-delà la contestation de la politique gouvernementale, les Forconi dénoncent l’action déstabilisatrice des groupes de grande distribution (Leclerc, Auchan, etc.).

 

À partir du 9 décembre 2013, incités par Beppe Grillo, « non-leader » du Mouvement Cinq Étoiles et rejoints par la Ligue du Nord et CasaPound, les Forconi entreprennent une marche sur Rome. Certains occupent les centre-villes, bloquent axes routiers majeurs, terminaux portuaires et postes frontaliers (trois heures à Ventimille, le 12 décembre 2013). D’autres s’emparent de bureaux du fisc à Bologne et à Turin quand ce ne sont pas les studios régionaux de la télévision publique à Ancône aux cris de « Tous dehors, tous pourris ! » ou de « Tutti a casa (Tous à la maison !) (6) ». Toutefois, ce vaste mouvement se dégonfle assez rapidement puisque « certains Forconi en désaccord avec la radicalisation du mouvement ont refusé de faire le déplacement craignant des débordements. Au lieu des 15 000 personnes attendues sur la Piazza del Popolo mercredi, ils n’étaient que 3 000 (7) ».

 

Au-delà des Pyrénées, la même ébullition sociale

 

Ces trois exemples récents sont à mettre en parallèle avec les actions de quasi-guérilla de l’extrême gauche grecque contre des institutions faillies ainsi qu’aux Indignados (« Indignés ») en Espagne. Ce dernier mouvement part d’un appel à manifester, pacifiquement, dans une soixantaine de communes espagnoles, le 15 mai 2011, pour une autre pratique politique. Les manifestants estiment que les partis politiques ne les représentent plus. On y trouve des victimes de la crise économique, des lecteurs du livre Indignez-vous !, du Français Stéphane Hessel, des admirateurs des « Printemps arabes », des mouvements grecs et islandais de 2008 et du Geração à rasca portugais.

 

À compter du 15 mai, les « Indignés » se rassemblent sur une place de la capitale espagnole, la Puerta del Sol. Ils s’élèvent contre les banques, l’austérité économique et la corruption des politiciens. S’organisant en assemblées autogérées et contestant le système parlementaire et la démocratie représentative, les participants interdisent tout sigle politique, toute bannière politicienne ou tout propos partisan. Ils insistent sur le fait que « le peuple uni n’a pas besoin de partis ». Les journalistes parlent bientôt du « Mouvement du 15 mai ». Les Indignados installés sur cette place y sont bientôt violemment dispersés par les policiers. Ailleurs, en Espagne, une répression similaire s’exerce à l’encontre des manifestants qui occupaient, à l’instar des Étatsuniens d’Occupy Wall Street, des places publiques au point que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad se déclara choqué par des violences policières exagérées.

 

De cette indignation collective s’en extrait une formation politique de gauche radicale, Podemos (« Nous pouvons ») donnée par plusieurs sondages consécutifs première force politique. Le succès tant en Espagne qu’en Grèce (Syriza) de ces gauches radicales ne signifie pas que Madrid et Athènes sont à la veille d’une révolution néo-bolchévique. Réformistes radicales, Syriza et Podemos ont déjà modéré leurs positions et ne cachent pas leurs dispositions mondialistes.

 

Toutes ces contestations populaires qui trouvent chacune dans leurs pays respectifs un relais politique approprié, témoignent principalement du profond ras-le-bol des petites gens envers leur classe dirigeante voleuse et leurs pseudopodes institutionnels mafieux. Mais il ne s’agit pas d’une « droitisation » des opinions, ni l’appropriation d’une pensée, sinon anti-libérale, pour le moins illibérale. « Nous ne sommes pas contemporains de révoltes éparses, mais d’une unique vague mondiale de soulèvements qui communiquent entre eux imperceptiblement (8). » Toutefois, le Comité invisible, un collectif anonyme d’ultra-gauche, ne perçoit pas l’acuité particulière de la réprobation populaire européenne. Certes, après avoir rappelé que « “ populaire ” vient du latin popular, “ ravager, dévaster ” (9) », il observe que « l’insurrection est d’abord le fait de ceux qui ne sont rien, de ceux qui traînent dans les cafés, dans les rues, dans la vie, à la fac, sur Internet. Elle agrège tout l’élément flottant, plébéien puis petit-bourgeois, que sécrète à l’excès l’ininterrompue désagrégation du social. Tout ce qui était réputé marginal, dépassé ou sans avenir, revient au centre (10) ». Cette description concorde avec ce que « Flamby », « Monsieur Petites-Blagues », définirait d’après son ancienne compagne, comme des « sans-dents ». Que se soit en Bretagne, en Italie ou en Allemagne, les manifestations aimantent les catégories sociales moyennes et populaires en voie de paupérisation.

 

 

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Ces révoltes populaires ne sont pas une nouveauté en Europe. Elles sont à rapprocher de l’éphémère mouvement populiste italien de l’immédiat après-guerre de Guglielmo Giannini, fondateur de l’hebdomadaire L’Uomo qualunque, puis du Fronte dell’Uomo Qualunque. On traduit souvent cette expression par « l’homme de la rue » ou « l’homme ordinaire ». Sur un programme anticommuniste, anti-fasciste, de refus du grand capitalisme oligopolistique, de limitation des prélèvements fiscaux et d’arrêt de l’intervention étatique dans les domaines économique et social, il obtint en 1946 1 211 956 votes, soit 5,3 % des suffrages, devenant le cinquième parti du pays et envoya une trentaine d’élus à l’Assemblée constituante avant de disparaître en 1948.

 

Le fantôme de Guglielmo Giannini hante, aujourd’hui, toute l’Europe. Ce sont les gens ordinaires, les quidams, les ménagères de plus ou moins cinquante ans qui investissent les artères urbaines et clament leur ire. Les peuples européens sortent-ils de leur longue torpeur mentale ? En tout cas, ils commencent instinctivement à comprendre l’imposture qu’un Système délétère leur impose et, donc, à ruer dans les brancards.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Arnaud de Robert, « Réveil des nations ou réveil des peuples ? », mis en ligne sur Cercle non conforme, le 26 novembre 2014, et repris par Europe Maxima, le 8 décembre 2014.

 

2 : Non germanophones, les médiacrates hexagonaux et leurs épigones grotesques traduisent par « patriotes européens », or dans P.E.D.I.G.A., patriote est un adjectif… L’erreur commence néanmoins à être corrigée.

 

3 : Grâce à l’excellent blogue de Lionel Baland, ces « déclinaisons » sont Bär.G.I.D.A. (Berlin), R.O.G.I.D.A. (Rostock), H.A.G.I.D.A. (Hanovre), L.E.G.I.D.A. (Leipzig), Sü.G.I.D.A. (Sühl), Wü.G.I.D.A. (Wurzburg), K.A.G.I.D.A. (Cassel), Kö.G.I.D.A. (Cologne), B.A.G.I.D.A. (Munich) sans omettre P.E.G.I.D.A. à Stuttgart. L’Autriche commencerait elle aussi à entrer dans le mouvement alors que, contrairement à l’Allemagne, existe un fort parti nationaliste et patriotique, le F.P.Ö.

 

4 : Emmanuel Galiero, « “ Bonnets rouges ” : un vote “ spectaculaire ” », dans Le Figaro, le 12 juin 2014.

 

5 : Hélène Pillon, « Les Forconi, des Bonnets rouges à la sauce italienne ? », dans L’Express, le 20 décembre 2013.

 

6 : Hélène Pillon, art. cit.

 

7 : Idem.

 

8 : Comité invisible, À nos amis, La Fabrique, Paris, 2014, p. 14.

 

9 : Idem, p. 54.

 

10 : Id., pp. 41 – 42.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4141

¿Estamos en medio de una guerra de religión en Europa o es sólo otra operación de bandera falsa?

por Gilad Atzmon

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

La matanza de París fue un crimen devastador contra la libertad y el derecho a la risa. ¿Pero fue realmente ejecutado por un grupo de lunáticos irracionales musulmanes, decididos a matar sin piedad por unas burlas a su profeta?

Los franceses deberían preguntarse qué llevó a unos miembros de su propia sociedad a cometer esos asesinatos a sangre fría contra sus conciudadanos. Deberían preguntarse por qué Francia ha estado echando bombas sobre los musulmanes. ¿Quién abogó con entusiasmo a favor de estas guerras “intervencionistas”? ¿Cuál fue el papel de Bernard-Henri Lévy, el abogado principal de la guerra contra Libia, por ejemplo?

¿Que fue todo aquel alboroto francés sobre el burka? ¿Quién dirigió esta guerra contra los musulmanes en el corazón de Europa? ¿Era realmente en nombre de la tolerancia?

La libertad y la risa son algo precioso, sin duda, pero ¿no fue el gobierno “socialista” francés quien acosó y consiguió la prohibición del mejor y más exitoso comédien de Francia, Dieudonné M’bala M’bala, porque éste satirizó la religión del Holocausto? ¿Quién empujó al gobierno francés a adoptar medidas tan duras contra un artista? ¿No fue el CRIF, el grupo de presión judío?

Si Europa quiere vivir en paz, podría considerar la posibilidad de dejar que otras naciones vivan en paz. Al seguir los caprichos de El Lobby habríamos reservado a París el destino de Alepo. ¡Ni quiera Dios!

Pero hay una narrativa alternativa que pone cabeza abajo nuestra percepción de esta desastrosa matanza de París.

Esta mañana, el joven de 18 años de edad Hamyd Mourad, sospechoso de ser uno de los tres terroristas involucrados en el ataque de ayer, se entregó a la policía en Charleville-Mezières. Según los informes, se presentó pacíficamente después de escuchar su nombre en las noticias. Y afirma que no tiene nada que ver con el evento de ayer. Extraño ¿no? En realidad, no.

A pesar de que todos los expertos en lucha contra el terrorismo están de acuerdo en que el ataque a Charlie Hebdo de ayer fue un trabajo profesional, parece bastante poco profesional para unos “terroristas altamente cualificados” dejar tras ellos su carnet de identidad. ¿Y desde cuándo un terrorista se lleva su documento de identificación a una operación? Una posible explicación sería que los supuestos terroristas necesitaban unas horas extras para salir de Francia o desaparecer. Tenían que engañar a la policía y los servicios de inteligencia franceses para que éstos dirigiesen la búsqueda hacia lugares equivocados y personas equivocadas. ¿Es posible que simplemente “plantaran” una tarjeta de identificación robada o falsificada en el coche que dejaron atrás?

Si este fuera el caso, es posible que el ataque de ayer no tuviera nada que ver con el “terrorismo jihadista. Es muy probable que ésta haya sido otra operación de bandera falsa. ¿Quién podría estar detrás de todo ello? Usa tu imaginación.

(Traducción por S. Seguí)

Fuente original: http://www.gilad.co.uk/writings/2015/1/8/amidst-a-religious-war-in-europe-is-it-possibly-a-false-flag-operation

Extraído de: Rebelión

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mardi, 13 janvier 2015

Ils sont “Charlie” ? Ils sont déjà morts

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Ils sont “Charlie”? Ils sont déjà morts

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ulysse, cueilli sur Novopress et consacré à la mort symbolique du nihilisme libéral libertaire...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Charlie Hebdo représentait la pire forme de l’idéologie libertaire qui, sous couvert de contestation et de transgression, était sanctuarisée par le pouvoir actuellement en place dont elle était l’insigne agent symbolique et moral. En une image, Charlie Hebdo, c’était le « beauf » de Cabu : ce sale franchouillard raciste moustachu dont on cherchait à faire croire qu’il était la lie de l’humanité et sur lequel on tapait sans fin comme s’il était le tortionnaire malfaisant des gentilles populations immigrées venues enrichir la France. Oui mais voilà, le moustachu cachait un barbu, et le beauf consumériste, un fanatique impitoyable. Le xénophobe d’apparat cachait un fondamentaliste et s’il arrivait à Charlie Hebdo de brocarder le second, c’était en le mettant sur le même plan que le premier ; ainsi d’une couverture à l’autre, une Marine le Pen nazifiée pouvait-elle croiser un Pape pédophile sodomite suivi d’un Mahomet explosif…

Sale beauf, sale babtou

Les prétendus défenseurs de la « liberté d’expression » n’étaient en vérité rien d’autre que les défenseurs sectaires de l’expression libertaire, et ils étaient prêts à toutes les vilénies dès lors qu’il s’agissait de conspuer ce qui contrevenait à leur propre idéologie. Ce faisant, ils ne se rendaient même pas compte, ou si peu et si mal, qu’ils entretenaient précisément les clichés racistes mêmes qu’ils prétendaient par ailleurs combattre. Car enfin, quelle différence y a-t-il entre le « sale beauf » de Cabu et le « sale babtou » des réseaux sociaux et des banlieues? Les deux, dans les yeux de leurs adversaires, n’étaient somme toute rien d’autre que des « gros porcs »…

Le premier était seulement l’archétype matriciel du second dont il a (entre autres facteurs) favorisé l’apparition. Ainsi, les clichés anti-racistes de Charlie Hebdo ont accompagné et avalisé les clichés racistes des « cités », qui, on expliquera pourquoi plus loin, le lui ont bien rendu.

Crachoir de la gauche cléricale

Charlie Hebdo, c’était donc cela : une grande soupe relativiste où tout ce qui ne ressemblait pas à une exigence compassionnelle humanitariste très vaguement étayée par des postulats marxistes devenait immédiatement fasciste ; où tout ce qui ne s’apparentait pas aux mouvements du cœur de belles âmes nihilistes boboïsées apparaissait alors comme les prémisses d’une dictature… En vérité, cette contestation anarcho-nihiliste de tous les ordres en cachait bien un d’ordre : celui d’un pouvoir qui subventionnait le journal et sans lequel il aurait déjà eu disparu depuis beau temps. C’est qu’au fond, Charlie Hebdo incarnait les aspirations morales (moralement anti-morales devrait-on dire) de la génération 68 qui, embourgeoisée jusqu’à l’overdose, gardait comme un animal de compagnie attendrissant cette sorte de souvenir de sa fougue transgressive de jeunesse ; une « potiche » du pouvoir, ponctuellement utile pour victimiser le patriotisme, utile parfois aussi pour servir de caution de « tolérance » universaliste lorsqu’il s’agissait de prétendre défendre un humanisme dont on se demandait bien ce qu’il avait encore à voir avec celui de Pic de la Mirandole.

Ce qui a été tué, c’est donc l’animal de compagnie du système. Son caniche. Son fétiche aussi, son objet magique, une de ses innombrables cautions libertaires progressistes. Pas étonnant donc que le glas (l’ironie symbolique cache une évidence littérale) ait pu résonner pour lui. C’est qu’en effet Charlie Hebdo était bien le seuil d’une Eglise, ou du moins sa crypte : le lieu où la gauche cléricale entreposait ses trésors obscènes et vulgairement conformistes, l’auge où elle lançait ses crachats fatigués de vieux soixante-huitards lassés de vivre. Ils crachaient sur tout ce qui ressemble à de l’ordre, mais ce faisant promouvaient réellement un ordre : celui de l’individu détaché de tout et donc ré-ingurgité immédiatement par le dispositif technico-financier qui flatte ses intentions et ses projets.

Ce qui a été pulvérisé, c’est le temple-crachoir d’une gauche dont la revendication de liberté n’était que le cache-misère du mondialisme le plus aliénant.

Libéralisme du sens contre littéralisme du sens : le retour du négatif 

En attaquant Charlie Hebdo, les djihadistes n’ont donc pas attaqué la liberté d’expression. Ils ont attaqué par ordre sémantique d’importance : des personnes (les victimes objectives),  l’Etat – ou plutôt les derniers restes d’un Etat presqu’entièrement dominé par les forces internationales de la finance et du numérique (mais il s’agit tout de même d’une attaque contre les institutions de Justice et de Police) -, et enfin la théologie implicite qui sous-tend cet Etat moribond et le projet universaliste du progressisme libertaire : l’idée que l’individu n’est libre que lorsqu’il a la licence de vomir tout ce qui n’est pas lui, au point d’ailleurs de se faire, quand il le juge utile, le censeur de ses contradicteurs (Charlie Hebdo avait demandé l’interdiction du Front national).

Que signifie donc la mort de Charlie Hebdo ?

Que l’idéologie progressiste libertaire, alibi de l’ordre prométhéen mondialisé, est morte. Qu’à vouloir évacuer du réel tout ce qui nous dérange en lui, c’est le réel qui finit par nous évacuer. Que celui qui croit qu’il peut chasser de l’expérience, par simple décret arbitraire, tout ce qui contrarie ses desseins, se retrouve bientôt ravalé par ce que l’expérience contient de plus irréductible : la violence brute, aveugle, injuste. Charlie Hebdo voulait une vie de jouissance, sans attaches à quoi que ce soit d’autre que soi-même, Charlie Hebdo a été détruit de manière immanente par ce négatif qu’il s’efforçait à tout prix de nier : le littéralisme mahométan, soit la forme la plus brutale et la plus bête de la détermination historique. Ils ont moqué le beauf moustachu, ils ont eu le fanatique barbu. Ils ont promu la liberté en criminalisant tout ce qui n’était pas conforme à leur propre licence, ils ont eu l’aliénation effrayante et cruelle d’un jugement théocratique. Ils ont méprisé le patriotisme, leur mort révèle un mouvement du peuple français. Ils ont conchié l’Eglise, et c’est le glas de Notre-Dame de Paris qui a résonné pour eux. Bref, Charlie Hebdo qui meurt dans une explosion de contradictions, c’est la revanche de l’Histoire contre tous ceux qui pensaient en être sortis pour flotter sans but dans le non-lieu de leur quant-à-soi hédonisto-technoïde. Il est tragique que cette revanche passe ici par la vengeance d’une secte mahométane malfaisante et cruelle. Il était cependant inéluctable qu’un jour ou l’autre, ce nihilisme de l’individu rendu fou sans Dieu, rencontrât ce nihilisme de la secte des fous de Dieu…

Le littéralisme religieux le plus fou est la réponse la plus simple qu’a donné l’Histoire au libéralisme moral le plus bête.

Crise identitaire : ils sont Charlie et ils sont morts

Ce que révèle enfin cette défaite idéologique transparaît aussi dans la prolifération écœurante des « Je suis » (Charlie, Kouachi, Charles Martel, juif etc.). Cette inflation revendicatrice a au moins un mérite objectif : révéler que dans ce conflit interne au nihilisme, c’est bien l’identité qui est en jeu et rien d’autre. C’est bien d’être dont il s’agit dans l’élément de l’Histoire, toujours, tout le temps, partout. D’être, personnel, familial, collectif, national, civilisationnel. Ceux qui manifesteront dimanche, eux, ont choisi leur camp. Ils sont Charlie ? Ils excluent les patriotes et préviennent des dangers de l’islamophobie et du racisme au moment même où l’islam les détruit et déploie sa haine anti-occidentale ? Alors oui, cela est bien clair, ils sont Charlie, c’est-à-dire qu’ils sont déjà morts.

Ils n’ont rien compris, ils n’ont tiré aucune leçon, pas saisi que le libéralisme-libertaire et le fanatisme littéraliste sont les deux faces d’une même pièce : une culture de mort, morale, par l’atomisation individualiste, une culture de mort, physique, par le massacre aveugle. En proclamant qu’ils sont Charlie, ils prolongent la nuit de cette obscurité progressiste qui n’est que le contrepoint de l’obscurantisme mahométan. Ils contribuent, encore et toujours, à favoriser les conditions de développement du négatif qui pourtant les a presque déjà complètement détruits.

Notre être à nous, lui, est bien vivant, parce qu’il est français. Qu’il ne croit pas à la fable du progrès, au multiculturalisme, à la République abstraite, au mondialisme souriant. Ce qui sauve de l’affrontement de Charlie et de la charia, ce n’est pas Charlie. Lui a déjà perdu la bataille. L’imposture soixante-huitarde a pris fin il y a trois jours. Non, le nom qui sauve de ce conflit des nuits, c’est François. Parce que dans ce nom se loge l’héritage d’une nation, l’exigence d’une foi, la promesse d’une vie qui a déjà démontré par le passé qu’elle avait la noblesse rigoureuse d’un destin.

Réveil

Nos adversaires ont été extrêmement intelligents en commençant par tuer ceux qui collaboraient depuis des décennies à notre extinction. Car ce faisant, ils veulent que nous nous identifions encore plus à ceux qui, ici-même, nient que nous existions. La stratégie est limpide : provoquer par la stupeur du massacre un réflexe d’identification aux valeurs d’un organe qui, justement, s’évertue déjà à nous combattre de l’intérieur. A nous d’être plus déterminés et intelligents qu’eux. A nous de contredire cette secte mahométane en reconnaissant que Charlie, avec ses coups de crayons contre les « sales beaufs » préparait de fait les coups de couteaux contre les « sales babtous ». A nous d’assumer enfin que si la France survit à Charlie c’est justement parce qu’elle ne s’y est jamais réduite et qu’elle ne s’est jamais identifiée à lui.

Charlie est mort et ceux qui continuent de s’en revendiquer sont morts aussi. Les autres sont éveillés et vivants. Ils sont la France. Et ce sont eux qui gagneront la guerre qui advient.

Ulysse (Novopress, 11 janvier 2015)

lundi, 12 janvier 2015

Hommage à Bernard Maris, victime de la tuerie de « Charlie Hebdo »

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Hommage à Bernard Maris, victime de la tuerie de « Charlie Hebdo »

Par Robert Steuckers

Il existe des situations bizarres dans la vie. Ma belle-mère décède en pleine rue à Madrid le 29 décembre, plus exactement sur la Puerta del Sol, à quelques dizaines de mètres du célèbre et tendre petit ours de bronze appuyé sur son arbrisseau, dont il lèche les feuilles. Dare-dare nous devons, en cette fin d’année, trouver un billet d’avion pour la capitale espagnole : nous en trouvons in extremis mais au prix de devoir errer dans les rues de Charleroi pendant une journée entière, par un froid assez vif et trop humide. Avant Noël, mes pas m’avaient amené dans les Galeries de la Reine, à la Librairie Tropismes, où je voulais me procurer le livre d’un certain Bernard Maris, alias « Onc’ Bernard » dans les pages de Charlie Hebdo, consacré à Maurice Genevoix et Ernst Jünger (*). Dans la foulée, j’achète un autre volume dont le titre m’avait intrigué, suite à une brève recension sur le blog http://metapoinfos.hautetfort.com: Houellebecq économiste (**). Ce volume se retrouve dans ma poche pour le voyage à Madrid et je le lis d’une traite, tant il est merveilleusement écrit, d’une limpidité et d’une liquidité des plus agréables, sur les fauteuils d’un Irish Pub de Charleroi où j’ai siroté un Celtic Cider et devisé avec le garçon, a genuine Irishman, puis dans un tea room très sympathique de la gare, où une charmante jeune femme nous a servi un excellent thé vert et enfin sur un banc de l’aéroport. Houellebecq économiste est un bréviaire pour nous tous qui professons, depuis un célèbre discours de Guillaume Faye à Paris en 1979, que « l’économie n’est pas le destin ».

Maris voit en Houellebecq l’homme qui dénonce l’hégémonie contemporaine de l’économie, celles qui nous transforme en « asservis », en chiens pareils à celui qui converse avec le loup dans la fable de Lafontaine. L’économie, ajoute-t-il, condamne à « l’insatisfaction à perpétuité », car l’asservi ­ -dont l’asservissement est désormais le seul horizon-  reçoit en portions plus que congrues des salaires qui lui permettent à peine de survivre, de tenir la tête hors de l’eau. Les personnages de Houellebecq, qui finalement nous ressemblent tous, vivent la peur, qui découle de cette insatisfaction perpétuelle, vivent cette peur de ne pas survivre, et l’ont intériorisée, inhibant ainsi tous ces réflexes audacieux qui rendraient le monde plus fascinant. Comme les insatisfaits de la Belle Epoque, dont Arthur Moeller van den Bruck, Houellebecq espère l’avènement des poètes et des artistes, figures salvatrices dans un monde qui chavire dans le nihilisme, parce que l’homme a « droit à la beauté ». Et comme Orwell et Michéa, Houellebecq appelle à la common decency, celle qu’incarnait son propre père, apprenti dès l’âge de quatorze ans.

Maris était le gendre de Maurice Genevoix, le mari de sa fille Sylvie. C’est la raison qui l’a poussé à écrire un essai sublime sur les deux combattants de 1914-1918, en l’année du centenaire de ce carnage qui a ravagé l’Europe. Après la mort tragique de Maris à Paris, le 7 janvier 2015, j’ai pris en main cet ouvrage, en tant que « jüngerien » de longue date, de germaniste qui prépare encore et toujours quelques textes sur l’auteur des Falaises de marbre, plongé qu’il est dans les biographies captivantes de Schwilk, d’Ipema et d’autres. Les premières pages m’ont envahi d’une émotion indicible : Maris était un frère en esprit, un adolescent qui fréquentait à Toulouse Georges le bouquiniste qui ne conseillait que des bons livres aux gamins aventureux et inquiets qui venaient solliciter son savoir. Georges lui avait fait lire Jünger que Genevoix n’avait jamais abordé. Ce premier chapitre s’intitule « Nous qui lisions Ernst Jünger »…

Maris reçoit dans la grande presse banalisée, alignée, conformiste, l’étiquette facile de « gauche » parce qu’il oeuvrait à la rédaction de Charlie Hebdo. J’ai récolté l’étiquette de « droite » pour les mauvaises raisons que mes amis connaissent et qui font que je dois, dans les prochains jours, me « justifier » devant quelques affreux sbires d’une « Sotte Inquisition », expédié par une inculte. Les deux ouvrages que je viens de tenir entre les mains montrent, plus que jamais, que ce vocabulaire manichéen ne correspond à aucune réalité tangible.

Maris dit écrire depuis le bureau de feu Maurice Genevoix et relate aussi une conservation entre Sylvie Genevoix-Maris et Julien Gracq, ami de Jünger. De son bureau, hérité de l’auteur de La Dernière harde (un de mes cadeaux de communion solennelle), Maris voit couler lentement la Loire. Gracq vit aussi le long du fleuve tranquille, que j’ai admiré cet été, sur la route d’Espagne, encore malade et chancelant, appuyé sur une canne au pommeau argenté, captant d’un coup d’œil un magnifique échassier blanc. Encore une sensation commune, avec le dégoût de l’économisme, le jüngerisme indécrottable, les soirées littéraires des adolescents et des jeunes étudiants si semblables aux nôtres… Un frère en esprit, inconnu pour moi jusqu’au 30 décembre 2014, s’en est allé, un non-conformiste qui priait comme moi pour qu’advienne le règne des poètes et des artistes, le « Troisième Règne » de l’Esprit Saint de Joachim de Flore, de Dimitri Merejkovski et d’Arthur Moeller van den Bruck. Et assurément d’Ernst Jünger…

Robert Steuckers,

11 janvier 2015.

(*) Bernard Maris, Houellebecq économiste, Flammarion, Paris, 2014.

(**) Bernard Maris, L’homme dans la guerre – Maurice Genevoix face à Ernst Jünger, Grasset, 2013.

 

Géopolitique de l'espionnage...

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Géopolitique de l'espionnage...

par Dan Schiller

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dan Schiller, cueilli sur le site du Monde diplomatique et consacré à la géopolitique de la surveillance sur les réseaux numériques. L'auteur est professeur en sciences de l'information à l'université de l'Illinois, aux Etats-Unis.

Géopolitique de l'espionnage

Les révélations sur les programmes d’espionnage menés par l’Agence nationale pour la sécurité (National Security Agency, NSA) ont entraîné « des changements fondamentaux et irréversibles dans beaucoup de pays et quantité de domaines (1) », souligne Glenn Greenwald, le journaliste du Guardian qui a rendu publiques les informations confidentielles que lui a fournies M. Edward Snowden. A l’automne 2013, la chancelière allemande Angela Merkel et la présidente du Brésil Dilma Rousseff se sont opposées à M. Barack Obama en condamnant les atteintes à la vie privée dont les Etats-Unis s’étaient rendus coupables — et dont elles avaient personnellement été victimes. L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté à l’unanimité une résolution reconnaissant comme un droit humain la protection des données privées sur Internet. Et, en juin 2014, le ministère de la justice américain, répondant à l’Union européenne, a promis de soumettre au Congrès une proposition de loi élargissant aux citoyens européens certains dispositifs de protection de la vie privée dont bénéficient les citoyens américains.

Mais, pour pleinement apprécier l’étendue du retentissement international de l’affaire Snowden, il faut élargir la focale au-delà des infractions commises contre le droit, et examiner l’impact que ces révélations ont sur les forces économiques et politiques mondiales, structurées autour des Etats-Unis.

Tout d’abord, l’espionnage — l’une des fonctions de la NSA — fait partie intégrante du pouvoir militaire américain. Depuis 2010, le directeur de la NSA est également chargé des opérations numériques offensives, en tant que commandant du Cyber Command de l’armée : les deux organismes relèvent du ministère de la défense. « Les Etats-Unis pourraient utiliser des cyberarmes (...) dans le cadre d’opérations militaires ordinaires, au même titre que des missiles de croisière ou des drones », explique dans le New York Times (20 juin 2014) l’amiral Michael S. Rogers, récemment nommé à ce double poste.

Ensuite, ce dispositif militaire s’inscrit dans un cadre bien plus large, celui des alliances stratégiques nouées par les Etats-Unis. Depuis 1948, l’accord United Kingdom-United States Communications Intelligence Agreement (Ukusa) constitue le cœur des programmes de surveillance des communications mondiales. Dans ce traité, les Etats-Unis sont nommés « partie première » (first party) et la NSA est spécifiquement reconnue comme la « partie principale » (dominant party). Le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande représentent les « parties secondaires » (second parties). Chacun de ces pays, outre qu’il s’engage à assurer la surveillance des communications dans une région donnée, à partager ses infrastructures avec les Etats-Unis et à mener des opérations communes avec eux, peut accéder aux renseignements collectés selon des modalités fixées par Washington (2).

Les pays de l’Ukusa — les five eyes cinq yeux »), comme on les appelle parfois — collaboraient dans le cadre de la guerre froide. L’Union soviétique représentait le principal adversaire. Mais, face aux avancées des mouvements anticoloniaux, anti-impérialistes et même anticapitalistes en Asie, en Afrique et en Amérique latine, les Etats-Unis ont étendu leurs capacités de collecte de renseignement à l’échelle mondiale. Les alliances ayant fondé ce système dépassent donc largement le cercle des premiers signataires. Par exemple, à l’est et à l’ouest de l’Union soviétique, le Japon et l’Allemagne comptent parmi les « parties tierces » (third parties) du traité. On notera que, à la suite des révélations de M. Snowden, Mme Merkel a demandé aux Etats-Unis de partager les renseignements dont ils disposent avec l’Allemagne, selon des conditions similaires à celles dont bénéficient les « parties secondaires ». L’administration Obama lui a opposé une fin de non-recevoir.

L’industrie privée du renseignement public

Au fil du temps, les membres ayant le statut de « parties tierces » ont évolué ; mais tous disposent d’un accès restreint aux renseignements collectés. Ce fut, pendant un temps, le cas de l’Iran, bien situé pour observer le sud de l’Union soviétique. Après la révolution de 1979, les Etats-Unis durent trouver une solution de remplacement. Ils institutionnalisèrent alors leurs liens avec la République populaire de Chine, avec laquelle les relations s’étaient améliorées depuis la visite secrète de M.Henry Kissinger en avril 1970. La province du Xinjiang apparaissait comme un endroit commode pour espionner les Russes : Deng Xiaoping, le grand artisan de l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, autorisa la Central Intelligence Agency (CIA) à construire deux postes de surveillance, à condition qu’ils soient tenus par des techniciens chinois. Opérationnels à partir de 1981, ils fonctionnèrent au moins jusqu’au milieu des années 1990.

Puisque aucun Etat ne possède de réseau d’espionnage aussi étendu que celui des Etats-Unis, l’argument selon lequel « tous les pays font la même chose » ne tient pas la route. Des satellites, dans les années 1950, jusqu’aux infrastructures numériques, les Etats-Unis ont modernisé leurs systèmes de surveillance globale à plusieurs reprises. Toutefois, depuis le début des années 1990 et la chute des régimes communistes, la surveillance a aussi changé de fonction. Elle vise toujours à combattre les menaces, actuelles ou futures, qui pèsent sur une économie mondiale construite autour des intérêts américains. Mais ces menaces se sont diversifiées : acteurs non étatiques, pays moins développés bien déterminés à se faire une meilleure place dans l’économie mondiale ou, au contraire, pays désireux de s’engager sur d’autres voies de développement ; et — c’est essentiel — autres pays capitalistes développés.

Pour clarifier ce déplacement stratégique, il faut souligner un aspect économique du système de renseignement américain directement lié au capitalisme numérique. Ces dernières décennies ont vu se développer une industrie de la cyberguerre, de la collecte et de l’analyse de données, qui n’a de comptes à rendre à personne et dont fait partie l’ancien employeur de M. Snowden, l’entreprise Booz Allen Hamilton. En d’autres termes, avec les privatisations massives, l’« externalisation du renseignement » s’est banalisée. Ainsi, ce qui était de longue date une fonction régalienne est devenu une vaste entreprise menée conjointement par l’Etat et les milieux d’affaires. Comme l’a démontré M. Snowden, le complexe de surveillance américain est désormais rattaché au cœur de l’industrie du Net.

Il y a de solides raisons de penser que des entreprises de la Silicon Valley ont participé de façon systématique, et pour la plupart sur un mode confraternel, à certains volets d’une opération top secret de la NSA baptisée « Enduring Security Framework », ou Cadre de sécurité durable (3). En 1989 déjà, un expert des communications militaires se félicitait des « liens étroits entretenus par les compagnies américaines (...) avec les hautes instances de la sécurité nationale américaine », parce que les compagnies en question « facilitaient l’accès de la NSA au trafic international » (4). Vingt-cinq ans plus tard, cette relation structurelle demeure. Bien que les intérêts de ces entreprises ne se confondent vraisemblablement pas avec ceux du gouvernement américain, les principales compagnies informatiques constituent des partenaires indispensables pour Washington. « La majorité des entreprises qui permettent depuis longtemps à l’Agence d’être à la pointe de la technologie et d’avoir une portée globale travaillent encore avec elle », a ainsi reconnu le directeur de la NSA en juin 2014 dans le New York Times.

Contre toute évidence, Google, Facebook et consorts nient leur implication et feignent l’indignation. Une réaction logique : ces entreprises ont bâti leur fortune sur l’espionnage à grande échelle dans un but commercial — pour leur propre compte comme pour celui de leurs soutiens financiers, les grandes agences de publicité et de marketing.

La collecte, massive et concertée, de données par les grandes entreprises n’est pas un fait naturel. Il a fallu la rendre possible, notamment en transformant l’architecture initiale d’Internet. Dans les années 1990, alors que le World Wide Web commençait tout juste à s’immiscer dans la vie sociale et culturelle, les entreprises informatiques et les publicitaires ont fait du lobbying auprès de l’administration Clinton pour réduire la protection de la vie privée au strict minimum. Ainsi, ils ont pu modifier le Net de façon à surveiller ses utilisateurs à des fins commerciales. Rejetant les initiatives de protection des données, fussent-elles timides, réseaux sociaux, moteurs de recherche, fournisseurs d’accès et publicitaires continuent d’exiger une intégration plus poussée de la surveillance commerciale à Internet — c’est la raison pour laquelle ils promeuvent le passage à l’informatique « en nuage » (cloud service computing). Quelques milliers d’entreprises géantes ont acquis le pouvoir d’accaparer les informations de la population du monde entier, du berceau à la tombe, à toute heure de la journée. Comme l’explique le chercheur Evgeny Morozov, les stratégies de profit de ces entreprises reposent explicitement sur les données de leurs utilisateurs. Elles constituent, selon les mots du fondateur de WikiLeaks, M. Julian Assange, des « moteurs de surveillance (5) ».

Ces stratégies de profit deviennent la base du développement du capitalisme numérique. La dynamique d’appropriation des données personnelles électroniques se renforce puissamment sous l’effet d’une double pression, économique et politique. Pour cette raison même, elle s’expose à une double vulnérabilité, mise en lumière par les révélations de M. Snowden.

En mai 2014, la Cour européenne de justice a estimé que les individus avaient le droit de demander le retrait des résultats de recherches renvoyant à des données personnelles « inadéquates, dénuées de pertinence ou obsolètes ». Dans les quatre jours qui ont suivi ce jugement, Google a reçu quarante et une mille requêtes fondées sur ce « droit à l’oubli ». Plus révélateur encore, en juin 2014, 87 % des quinze mille personnes interrogées dans quinze pays par le cabinet de relations publiques Edelman Berland se sont accordées à dire que la loi devrait « interdire aux entreprises d’acheter et de vendre des données sans le consentement » des personnes concernées. Les mêmes sondés considéraient que la principale menace pesant sur la protection de la vie privée sur Internet résidait dans le fait que les entreprises pouvaient « utiliser, échanger ou vendre à [leur] insu [leurs] données personnelles pour en retirer un gain financier ». Pour endiguer le mécontentement, la Maison Blanche a publié un rapport recommandant aux entreprises de limiter l’usage qu’elles font des données de leurs clients. Malgré cela, l’administration Obama demeure inébranlable dans son soutien aux multinationales : « Les big data seront un moteur historique du progrès (6) », a martelé un communiqué officiel en juin 2014.

Revivifier la contestation

Le rejet de la domination des intérêts économiques et étatiques américains sur le capitalisme numérique n’est pas seulement perceptible dans les sondages d’opinion. Pour ceux qui cherchent depuis longtemps à croiser le fer avec les compagnies américaines, les révélations de M.Snowden constituent une aubaine inespérée. En témoigne l’extraordinaire « Lettre ouverte à Eric Schmidt » (président-directeur général de Google) écrite par l’un des plus gros éditeurs européens, M. Mathias Döpfner, du groupe Axel Springer. Il y accuse Google, qui détient 60 % du marché de la publicité en ligne en Allemagne, de vouloir devenir un « super-Etat numérique » n’ayant plus de comptes à rendre à personne. En expliquant que l’Europe reste une force « sclérosée » dans ce domaine essentiel, M. Döpfner cherche bien sûr à promouvoir les intérêts des entreprises allemandes (Frankfurter Allgemeine Feuilleton, 17 avril 2014).

La stagnation chronique de l’économie mondiale exacerbe encore la bataille menée par les grandes entreprises et l’Etat pour accaparer les profits. D’un côté, les fournisseurs d’accès à Internet et les grandes entreprises forment la garde prétorienne d’un capitalisme numérique centré sur les Etats-Unis. A elle seule, la société Microsoft utilise plus d’un million d’ordinateurs dans plus de quarante pays pour fournir ses services à partir d’une centaine de centres de données. Android et IOS, les systèmes d’exploitation respectifs de Google et d’Apple, équipaient à eux deux 96 % des smartphones vendus dans le monde au deuxième trimestre 2014. De l’autre côté, l’Europe affiche de piètres performances : elle ne domine plus le marché des téléphones portables, et Galileo, son projet de géolocalisation par satellite, connaît de nombreux déboires et retards.

Le capitalisme numérique fondé sur Internet impressionne par son ampleur, son dynamisme et ses perspectives de profit, comme le montrent non pas seulement l’industrie directement liée à Internet, mais des domaines aussi différents que la construction automobile, les services médicaux, l’éducation et la finance. Quelles entreprises, implantées dans quelles régions, accapareront les profits afférents ?

Sur ce plan, l’affaire Snowden agit comme un élément perturbateur, puisqu’elle revivifie la contestation de la cyberdomination américaine. Dans les semaines qui ont suivi les premières révélations, les spéculations sont allées bon train quant à l’influence qu’auraient les documents publiés par M. Snowden sur les ventes internationales des compagnies américaines de nouvelles technologies. En mai 2014, le président-directeur général de l’équipementier informatique Cisco a par exemple écrit au président Obama pour l’avertir du fait que le scandale de la NSA minait « la confiance dans notre industrie et dans la capacité des sociétés technologiques à vendre leurs produits dans le monde » (Financial Times, 19 mai 2014).

Pour les entreprises informatiques, la menace provenant du monde politique se précise. Certains Etats, invoquant les révélations de M. Snowden, réorientent leur politique économique. Le Brésil et l’Allemagne envisagent la possibilité de n’autoriser que les fournisseurs nationaux à conserver les données de leurs citoyens — une mesure déjà en vigueur en Russie. En juin dernier, le gouvernement allemand a mis un terme au contrat qui l’unissait de longue date à la compagnie américaine Verizon, au profit de Deutsche Telekom. Un dirigeant chrétien-démocrate a déclaré pour sa part que le personnel politique et diplomatique allemand ferait mieux de revenir à la machine à écrire pour tous les documents sensibles. Le Brésil et l’Union européenne, qui prévoient de construire un nouveau réseau de télécommunications sous-marin pour que leurs communications intercontinentales n’aient plus à dépendre des infrastructures américaines, ont confié cette tâche à des entreprises brésilienne et espagnole. De la même façon, Brasília a évoqué l’abandon d’Outlook, le service de messagerie de Microsoft, au profit d’un système utilisant des centres de données implantés sur son territoire.

Bataille pour la régulation d’Internet

Cet automne, les représailles économiques contre les entreprises informatiques américaines se poursuivent. L’Allemagne a interdit l’application de partage de taxis Uber ; en Chine, le gouvernement a expliqué que les équipements et services informatiques américains représentaient une menace pour la sécurité nationale et demandé aux entreprises d’Etat de ne plus y recourir.

Pris à contre-pied, les géants américains du numérique ne se contentent pas d’une offensive de relations publiques. Ils réorganisent leurs activités pour montrer à leurs clients qu’ils respectent les législations locales en matière de protection des données. IBM prévoit ainsi d’investir 1 milliard de dollars pour bâtir des centres de données à l’étranger, dans l’espoir de rassurer ses clients inquiets de l’espionnage américain. Il n’est pas certain que cela suffise à apaiser les craintes, alors que Washington demande à Microsoft de transmettre les courriers électroniques stockés sur ses serveurs installés en Irlande...

Mais que l’on ne s’y trompe pas : le but des autorités américaines demeure l’élargissement des avantages offerts à leurs multinationales informatiques. En mai 2014, le ministre de la justice américain a porté plainte contre cinq officiers de l’armée chinoise pour cyberespionnage commercial, en arguant que la Chine se livrait à des tactiques de concurrence ouvertement illégales. Toutefois, et de manière significative, le Financial Times a révélé que cette plainte déposée par les champions de l’espionnage suscitait l’émoi dans l’industrie allemande, « où l’on s’inquiète de vols de la propriété intellectuelle » (22 mai 2014). Etait-ce l’effet que les responsables américains cherchaient à produire ?

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils attendu ce moment précis pour passer à l’action ? Depuis des années, ils accusent la Chine de lancer des cyberattaques contre leurs entreprises — alors qu’eux-mêmes piratent les routeurs et l’équipement Internet d’une compagnie chinoise concurrente, Huawei... Une motivation, d’ordre politique, transparaît : en cette année d’élections de mi-mandat, l’exécutif démocrate entend faire de la Chine un prédateur qui détruit les emplois américains en pillant la propriété intellectuelle. Et, dans le même temps, cette mise en cause publique de Pékin souligne subtilement qu’entre alliés le statu quo — un capitalisme numérique dominé par les Etats-Unis — reste la meilleure option.

Nous touchons là au cœur du problème. Selon ses dires, M. Snowden espérait que ses révélations « seraient un appui nécessaire pour bâtir un Internet plus égalitaire (7) ». Il voulait non seulement déclencher un débat sur la surveillance et le droit à la vie privée, mais aussi influencer la controverse sur les déséquilibres inhérents à l’infrastructure d’Internet.

Dans sa construction même, Internet a toujours avantagé les Etats-Unis. Une opposition, internationale mais sporadique, s’est fait entendre dès les années 1990. Elle s’est intensifiée entre 2003 et 2005, lors des sommets mondiaux sur la société de l’information, puis de nouveau en 2012, lors d’une rencontre multilatérale organisée par l’Union internationale des télécommunications. Les révélations de M.Snowden exacerbent ce conflit sur la « gouvernance mondiale d’Internet » (8). Elles affaiblissent la « capacité de Washington à orienter le débat sur l’avenir d’Internet », explique le Financial Times, citant un ancien responsable du gouvernement américain pour qui « les Etats-Unis n’ont plus l’autorité morale leur permettant de parler d’un Internet libre et ouvert » (21 avril 2014).

Après que la présidente Rousseff eut condamné les infractions commises par la NSA devant l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2013, le Brésil a annoncé la tenue d’une rencontre internationale pour examiner les politiques institutionnelles définies par les Etats-Unis concernant Internet : le « NETmundial, réunion multipartite mondiale sur la gouvernance d’Internet », s’est tenu à São Palo en avril 2014 et a réuni pas moins de cent quatre-vingts participants, des représentants de gouvernements, des entreprises et des associations.

Les Etats-Unis ont tenté de contrecarrer cette initiative : quelques semaines avant le rassemblement, ils ont promis, non sans poser plusieurs conditions importantes, d’abandonner leur rôle de supervision formelle de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), l’organisme qui administre certaines des fonctions vitales du réseau. L’opération a réussi. A l’issue du NETmundial, la Software and Information Industry Association (SIIA), établie aux Etats-Unis, s’est félicitée : « Les propos tenus sur la surveillance sont restés mesurés », et « cette rencontre n’a pas donné la part belle à ceux qui privilégient un contrôle intergouvernemental d’Internet, c’est-à-dire placé sous l’égide des Nations unies (9) ».

En dernière analyse, ce sont les conflits économico-géopolitiques et les réalignements naissants qui ont déterminé l’issue de la rencontre de São Paulo. Si le Brésil a rejoint le giron américain, la Russie ainsi que Cuba ont refusé de signer la résolution finale et souligné que le discours des Etats-Unis sur la « liberté d’Internet » sonnait désormais creux ; la délégation indienne s’est déclarée insatisfaite, ajoutant qu’elle ne donnerait son accord qu’après consultation de son gouvernement ; et la Chine est revenue à la charge, dénonçant la « cyberhégémonie » américaine (China Daily, 21 mai 2014). Cette opinion gagne du terrain. A la suite du NETmundial, le groupe des 77 plus la Chine a appelé les entités intergouvernementales à « discuter et examiner l’usage des technologies de l’information et de la communication pour s’assurer de leur entière conformité au droit international (10) », et exigé que soit mis un terme à la surveillance de masse extraterritoriale.

Ainsi, le conflit structurel sur la forme et la domination du capitalisme numérique s’accentue. Bien que la coalition disparate liguée contre le pouvoir et les grandes entreprises de la Silicon Valley ait pris une certaine ampleur, ces derniers restent déterminés à préserver leur hégémonie mondiale. Selon M. Kissinger, avocat notoire de la suprématie des Etats-Unis, les Américains doivent se demander : que cherchons-nous à empêcher, quel qu’en soit le prix, et tout seuls si nécessaire ? Que devons-nous chercher à accomplir, fût-ce en dehors de tout cadre multilatéral ? Fort heureusement, les Etats, les multinationales et leurs zélateurs ne constituent pas les seuls acteurs politiques. Soyons reconnaissants à M. Snowden de nous l’avoir rappelé.

Dan Schiller (Le Monde diplomatique, novembre 2014)

Notes :

 

(1) Glenn Greenwald, Nulle part où se cacher, JC Lattès, Paris, 2014.

(2) Cf. Jeffrey T. Richelson et Desmond Ball, The Ties That Bind : Intelligence Cooperation Between the Ukusa Countries, Allen & Unwin, Boston, 1985, et Jeffrey T. Richelson, The US Intelligence Community, Westview, Boulder, 2008. Lire Philippe Rivière, « Le système Echelon », Le Monde diplomatique, juillet 1999.

(3) Cf. Barton Gellman et Laura Poitras, « Codename Prism : Secret government program mines data from nine US Internet companies, including photographs, emails and more », The Washington Post, 6 juin 2013 ; Jason Leopold, « Emails reveal close Google relationship with NSA », Al Jazeera America, 6 mai 2014 ; et Andrew Clement, « NSA surveillance : Exploring the geographies of Internet interception » (PDF), conférence à l’université Humboldt, Berlin, 6 mars 2014.

(4) Ashton B. Carter, « Telecommunications policy and US national security », dans Robert W. Crandall et Kenneth Flamm (sous la dir. de), Changing the Rules, Brookings, Washington, DC, 1989.

(5) Lire Evgeny Morozov, « De l’utopie numérique au choc social », Le Monde diplomatique, août 2014. Cf. Julian Assange, Cypherpunks : Freedom and the Future of the Internet, OR Books, New York, 2012.

(6) « Big data : Seizing opportunities, preserving values » (PDF), Maison Blanche, Washington, DC, mai 2014.

(7) Cité par Glenn Greenwald, op. cit.

(8) Lire « Qui gouvernera Internet ? », Le Monde diplomatique, février 2013.

(10) « Declaration of Santa Cruz : For a new world order for living well », 17 juin 2014. Créé en 1964, le groupe des 77 réunit au sein de l’Organisation des Nations unies des pays en développement soucieux de promouvoir des intérêts économico-diplomatiques communs.

Charlie Hebdo and Tsarnaev’s Trial: Cui bono?

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Charlie Hebdo and Tsarnaev’s Trial: Cui bono?

Paul Craig Roberts

Ex: http://www.paulcraigroberts.org

UPDATE: Well known writers Thierry Meyssan and Kevin Barrett see the “terrorist” attach on Charlie Hebdo as a false flag attack. See http://www.voltairenet.org/article186441.html and http://presstv.com/Detail/2015/01/10/392426/Planted-ID-card-exposes-Paris-false-flag

Update: According to news reports, one of the accused in the attack on Charlie Hebdo when hearing
that he was being sought for the crime turned himself in to police with an ironclad alibi.

https://www.intellihub.com/18-year-old-charlie-hebdo-suspect-surrenders-police-claims-alibi/

UPDATE: According to news reports, police found the ID of Said Kouachi at the scene of the Charlie Hebdo shooting. Does this sound familiar? Remember, authorities claimed to have found the undamaged passport of one of the alleged 9/11 hijackers among the massive pulverized ruins of the twin towers. Once the authorities discover that the stupid Western peoples will believe any transparent lie, the authorities use the lie again and again. The police claim to have discovered a dropped ID is a sure indication that the attack on Charlie Hebdo was an inside job and that people identified by NSA as hostile to the Western wars against Muslims are going to be framed for an inside job designed to pull France firmly back under Washington’s thumb. http://www.wfmz.com/shooting-at-french-satirical-magazine-office/30571524

There are two ways to look at the alleged terrorist attack on the French satirical magazine Charlie Hebdo.

One is that in the English speaking world, or much of it, the satire would have been regarded as “hate speech,” and the satirists arrested. But in France Muslims are excluded from the privileged category, took offense at the satire, and retaliated.

Why would Muslims bother? By now Muslims must be accustomed to Western hypocrisy and double standards. Little doubt that Muslims are angry that they do not enjoy the protections other minorities receive, but why retaliate for satire but not for France’s participation in Washington’s wars against Muslims in which hundreds of thousands have died? Isn’t being killed more serious than being satirized?

Another way of seeing the attack is as an attack designed to shore up France’s vassal status to Washington. The suspects can be both guilty and patsies. Just remember all the terrorist plots created by the FBI that served to make the terrorism threat real to Americans. http://reason.com/blog/2014/07/22/human-rights-watch-all-of-the-high-profi

France is suffering from the Washington-imposed sanctions against Russia. Shipyards are impacted from being unable to deliver Russian orders due to France’s vassalage status to Washington, and other aspects of the French economy are being adversely impacted by sanctions that Washington forced its NATO puppet states to apply to Russia.

This week the French president said that the sanctions against Russia should end (so did the German vice-chancellor).

This is too much foreign policy independence on France’s part for Washington. Has Washington resurrected “Operation Gladio,” which consisted of CIA bombing attacks against Europeans during the post-WW II era that Washington blamed on communists and used to destroy communist influence in European elections? Just as the world was led to believe that communists were behind Operation Gladio’s terrorist attacks, Muslims are blamed for the attacks on the French satirical magazine.

The Roman question is always: Who benefits? The answer is: Not France, not Muslims, but US world hegemony. US hegemony over the world is what the CIA supports. US world hegemony is the neoconservative-imposed foreign policy of the US.

According to National Public Radio, Charlie Hebdo is about free speech. The US has free speech, claim NPR’s pundits, but terrorists have taken it away from the French.

Just how does the US have free speech when NY Times reporter James Risen was psychologically put on the rack to force him to reveal his source, despite the fact that Risen and his source are protected by the US Constitution and whistleblower protections. Clearly, in the US “national security” has trumped everything else.

“National security” has nothing to do with national security. It has only to do with protecting the criminals in the US government from accountability for their crimes. Every time you hear Washington invoke “national security,” you know for a 100% fact that the government has committed yet another crime. National security is the cloak for Washington’s criminal operations. “National security” prevents the government’s crimes from coming to light and, thereby, protects government from accountability.

One wonders what role “national security” will play in the trial of alleged Boston Marathon Bomber Dzhokhar Tsarnaev. Tsarnaev has been in custody since April 2013 and under indictment since April 22, 2013. Yet jury selection is only now beginning in January 2015. Why this long delay? The guarantee of a speedy trial no longer means anything, but with all sorts of charges in addition to the bombing for which the government claims eye witnesses and confessions and with the Tsarnaev brothers already convicted in the media, the long delay is a puzzle. Yet, we have not heard from Dzhokhar Tsarnaey himself. It is difficult to push away the thought that Dzhokhar’s trial has been delayed in order to compete his conditioning and acceptance of his guilt and in order for the many questions raised by alternative media to be forgotten.

The print and TV media have dished up the government’s explanation without investigation. However, the alternative media have taken great exception to every aspect of the case. As the US government has taught us since the Clinton regime, the safest assumption is that everything the government says is a lie.

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The most suspicious aspect of the event was the speed with which an army of 10,000 heavily armed troops consisting of police from various jurisdictions and National Guard soldiers outfitted in military gear and provided with tanks or armored personnel carriers were on the streets of Boston. Never before has such a massive force equipped with military heavy equipment been employed in a manhunt, much less for one wounded, unarmed, 19-year old kid.

For such a force to be assembled and deployed so quickly suggests pre-planning. What was presented as a manhunt for one badly wounded suspect looks more like a test case and precedent for locking down one of America’s largest cities, while squads of troops evicted US citizens from their homes at gunpoint and conducted indiscriminate searches of houses that contributed nothing to apprehending the alleged suspect. The chances are zero that any household would have harbored a badly wounded unarmed fugitive dying from the lack of medical care.

Not only was Boston and its suburbs locked down, the Federal Aviation Administration restricted airspace over Boston and issued a “ground stop” for Logan airport. Why?

Several other cities in Massachusetts and even some other states put their police forces on alert. Why?

On the scene were the FBI, the Bureau of Alcohol, Tobacco Firearms and Explosives, the CIA, the Drug Enforcement Administration, the National Counterterrorism Center. The US Attorney General committed the full resources of the US Department of Justice.
Why?

The only plausible answer is to raise the fear level in order to gain the public’s acceptance of the lockdown of Boston and police invasions of citizens’ homes. It makes no sense that danger from a badly wounded unarmed 19 year-old could possibly justify such expense and trampling of constitutional rights of citizens.

A non-gullible person must wonder if the bombing was an orchestrated event for the purpose of coordinating state, local, and federal governments in the lockdown of a major city. A poll of Bostonians last July found that 42 percent harbored doubts about the official version of events. http://www.globalresearch.ca/four-in-ten-bostonians-skeptical-of-official-marathon-bombing-account/5390848

The gullible always say that if a conspiracy existed someone would have talked. But people do talk. It just doesn’t do any good. For example, during George W. Bush’s first term a NSA whistleblower leaked to the New York Times that the NSA was bypassing the FISA Court and spying on American citizens without warrants. Under US law, NSA was in a conspiracy with the Bush regime to commit serious felonies (possibly for the purpose of blackmail), but the New York Times spiked the story for one year until George W. Bush was re-elected and the regime had time to ex post facto legalize the felonies.

Operation Gladio was a conspiracy kept secret for decades until a President of Italy revealed it.

The Northwoods Project was kept secret until years afterward when the second Kennedy Commission revealed it.

More than one hundred first responder police and firemen report hearing and personally experiencing multiple explosions floor by floor and even in the sub-basements of the World Trade Center twin towers, and these testimonies had no effect whatsoever.

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It only took one high school physics professor to shoot down NIST’s account of the collapse of WTC 7. The fact that it has been conclusively proven that this building was brought down by controlled demolition has had no effect on the official story.

The co-chairmen and legal counsel of the 9/11 Commission published books in which they say that information was withheld from the Commission, that the US Military lied to the Commission, and that the Commission “was set up to fail.” Neither Congress, the media, nor the US public had any interest in investigating why information was withheld, why the military lied, and why the Commission was set up to fail. These extraordinary statements by the leaders of the official investigation had no impact whatsoever.

Even today a majority of the US population believes Washington’s propaganda that Russia invaded Ukraine and annexed some provinces. Neither judgement nor intelligence are strongpoints of the American public and juries.

Government tells Americans whatever story the government puts together and sits and laughs at the gullibility of the public.

Today the US public is divided between those who rely on the “mainstream media” and those who rely on the alternative Internet media. Only the latter have any clue as to what is really happening.

The stories of Charlie Hebdo and the Tsarnaev brothers will be based not on facts but on the interests of government. As in the past, the government’s interest will prevail over the facts.

 

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Dr. Paul Craig Roberts was Assistant Secretary of the Treasury for Economic Policy and associate editor of the Wall Street Journal. He was columnist for Business Week, Scripps Howard News Service, and Creators Syndicate. He has had many university appointments. His internet columns have attracted a worldwide following. Roberts' latest books are The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West and How America Was Lost.

Stratégie islamiste ou stratégie mondialiste?

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LES ATTENTATS : STRATÉGIE DU CHAOS, STRATÉGIE DE LA TENSION
 
Stratégie islamiste ou stratégie mondialiste?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
Au cœur de l'indignation et de l'émotion devant la tuerie de Charlie Hebdo, les Français oublient que François Hollande a fourni des armes aux terroristes en Syrie, que Nicolas Sarkozy a abattu froidement le colonel Kadhafi et qu'en Centrafrique par des décisions opérationnelles irrationnelles, elle laisse le champ libre aux extrémistes antichrétien du Séléka

La France a choisi aussi son camp en Ukraine et on aura noté au passage le silence des médias autour des réactions de la Fédération de Russie et de son Président Vladimir Poutine qui a pourtant exprimé ses vives condoléances au peuple français suite à l'attaque terroriste contre le journal satirique. Pas un mot alors que la Russie a toujours été présente, en particulier en Tchétchénie dans la lutte contre le terrorisme islamique. La République islamique d'Iran a elle-aussi condamné fermement l'attentat par la voix de son porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Marzie Afjam. Il a aussi décrit comme  « inacceptable » toute forme d'abus de la liberté d'expression et dénoncé le radicalisme intellectuel d'où qu'il vienne puis l'Iran a ajouté qu'on peut parler dans la lutte contre le terrorisme des « double standards », de « double langage », de « deux poids deux mesures » de la politique américaine sans nommer directement son plus fidèle allié : la France.

Il y a quelques mois dans un entretien au journal français Vingt Minutes, François Hollande se vantait d'avoir livré une cargaison d'armes aux rebelles intégristes de Syrie qu'il considérait alors comme des combattants révolutionnaires. Or, par un tel soutien logistique, la France violait la Résolution 2170 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme. Tout le monde le sait maintenant : des groupes islamistes rivaux sont armés et généreusement financés par les Etats-Unis, la France et ses partisans contradictoires (Royaume-Uni, Arabie saoudite, Qatar, Turquie, Israël).

L'opération de Charlie Hebdo est une opération militaire de professionnels. Elle vise indéniablement à déstabiliser la France, maillon le plus faible du cadre européen actuel. La France réunit les conditions de la guerre civile par la désorganisation de ses services publics, en particulier sécuritaires, planifiée et orchestrée depuis des mois par une habile politique d'austérité et de réduction des effectifs engagée par Nicolas Sarkozy, par le clivage de sa vie politique, l'intolérance de ses débats intellectuels joint au dépassement des seuils démographiques tolérables dans la composition de ses quartiers. Cette opération commando vise donc clairement à encourager le début d'une telle guerre civile. Bernard-Henri Lévy a insisté hier : « l’Union Nationale c’est le contraire de la France aux Français ». Serait-ce donc cela ?

Il s'agit de toutes évidences de transposer un conflit international en interne et de creuser un fossé entre les musulmans français et les Français non-musulmans. Il nous faut dès lors considérer l'événement non comme une menace contre la liberté de la presse mais comme le premier épisode d'un processus en cours de création d'une situation de guerre civile et en ce sens comme Michel Onfray, on peut en effet parler au sens fort du terme d'un « onze septembre français », mais au sens bien sûr que la version officielle du 11 septembre 2011 est fausse et manipulée.
 
Il  faut donc nous rappeler quelques stratégies actuelles ou passées comme :
- la stratégie du chaos et de la tension de l'opération otannienne Gladio .
- la stratégie définie par les Frères Musulmans.
- la stratégie du « choc des civilisations ».

Nous ne reviendrons pas dans le détail sur les deux premières stratégies. Précisons seulement que pour les Frères Musulmans, il ne s'agit en aucune façon de prêcher ou de provoquer une guerre civile dans l'Occident, mais, au contraire, de déclencher une guerre civile en Orient.

Au contraire, pour Bernard Lewis, le penseur de la stratégie du « choc des civilisations », la fracture doit être portée à l'intérieur des frontières occidentales ou sur ces territoires limes. Cette stratégie a ensuite été vulgarisée par Samuel Huntington, en se présentant non pas comme une stratégie de conquête mais comme une politique de défense, de victimisation occidentale qui pourrait se produire pour consolider l'Etat d'exception. Le but est bien sûr de convaincre les populations des pays membres de l'OTAN qu'une confrontation civilisationelle est inévitable pour asseoir définitivement le modèle libéral et le système anglo-saxon de la « paix démocratique ». Avant la grande confrontation, il importe de justifier par le chaos et la déstabilisation intérieure le caractère préventif de mesures d'exception liberticides et de gouvernance mondiale économique absolument nécessaires pour réaliser le pouvoir mondial comme les Patriot Act. 
 

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C'est la rhétorique de la  « guerre juste » de la « guerre  contre le terrorisme », la guerre contre le terrorisme n'étant en réalité qu'une guerre contre la Tradition qu'elle soit musulmane ou orthodoxe, la guerre contre les cultures enracinées. Il y a aujourd'hui une abondante littérature sur cette stratégie qui correspond en gros à la position des néo-conservateurs américains à Washington, des militants sionistes en Israël, des nouveaux faucons socialo-libéraux en Europe (Hollande, Sarkozy, Juppé).
 
Qu'est-ce donc que l'islamisme ou le terrorisme islamisme ? 

C'est d'abord et avant tout une arme de guerre psychologique que l'hyper-empire américain utilise depuis le 11 septembre pour enclencher le plus souvent de nouveaux scénarios de conflit : soit l'invasion de pays, soit le renversement de gouvernements dans les pays arabo-musulmans (cas par exemple de la Libye et de la Syrie, de certains pays africains comme la Somalie ou le Nigéria). A ce propos, voir par exemple ce qui s'est passé jeudi au Nigeria avec Boko Haram . Soit aussi et ce peut être le cas pour notre pays pour établir en interne des mesures autoritaires et liberticides de contrôle de la population. 
 
La synthèse de toutes ces stratégies constitue ce qu'on peut appeler d'un terme vague car trop général la « guerre antiterroriste » à l'échelle mondiale, la mondialisation de la guerre mais sa vraie dénomination serai plutôt : la guerre du mondialisme, la guerre de l'occidentisme. Elle a commencé en 1914, il y a cent ans et elle comporte trente-neuf marches ! Cette guerre souterraine mais idéologique alimente aussi largement l'économie mondiale par une industrie de l'armement multimilliardaire qui n'a jamais, ces temps-ci, été aussi florissante et dont on parle effectivement peu. C'est le fameux complexe militaro-industriel américain, le pilier central des opérations secrètes extérieures décidées en haut lieu. Mais dans ce marché militaire, la Russie comme la France tire aussi certaines ficelles lucratives.
 
Ce qui est certain, c'est que la « lutte antiterroriste» a pour les Etats-Unis, depuis Sarkozy un allié fidèle devançant même dans les instances internationales les propositions israéliennes. Cet allié, ce fantassin d'exception, c'est la France.

L'opération commando qui vient de frapper la France entre tout à fait dans la logique d'un tel cadre d'analyse. La France, par la dégradation de sa sécurité intérieure et ses échecs économiques se retrouve un peu aujourd'hui comme l'Italie des années 70, le pays européen le mieux préparé à développer une psychose intérieure qui permettra à sa classe politique de délibérer rapidement et de voter d'un côté la protection américaine absolue, de l'autre un traité transatlantique qui la liera à tout jamais à la finance internationale. Dans un tel contexte de chaos, même Marine le Pen pourrait en théorie gouverner mais il s'agit tout au contraire en ce moment de la destituer moralement. Marine le Pen malgré tous ses efforts n'est pas et ne sera jamais une Charlie.

On sait que la France dans la politique anti-russe imposée à l'Europe ces derniers mois en Ukraine a manifesté un zèle tout particulier contraire aux intérêts de ses entrepreneurs mais encore plus dans les négociations concernant l'avenir du nucléaire iranien, où la position française de Laurent Fabius s'est particulièrement faite remarquer par une intransigeance exceptionnelle, alors même que le groupe des négociateurs, parmi lesquels les Etats-Unis eux-mêmes visaient des positions plus conciliantes. La France était ici directement le porte-voix de Tel-Aviv souhaitant faire des Iraniens, des ennemis irréconciliables. Pour quelles raisons ?
 
Posons ici la question qui dérange : qui sauve sur les marchés depuis quelque mois la banqueroute de l'économie française ?  Qui renfloue discrètement les caisses dans la salle des marchés souterraine de Bercy ? L'Arabie Saoudite et le Qatar, nouveaux alliés aussi de Jérusalem.

Il ne s'agit donc pas dans l'affaire Charlie Hebdo de se soulever pour une factice liberté de la presse, liberté d'une presse elle-même liberticide pour ce qui concerne Charlie Hebdo, Libération ou Le Monde mais de se soulever contre la nouvelle servitude française, l'esclavage réel auquel nous conduisent ses dirigeants, tout comme les Musulmans doivent se soulever politiquement contre les impies de La Mecque.

Les méfaits de l'islamisme radical sont en réalité utilisés pour jeter toujours plus les Européens dans les bras de l'axe occidentiste de Washington-Tel Aviv où les fous d'Allah ne sont que des alliés objectifs, des idiots utiles au sens où ils ont été instrumentalisés et même enrôlés comme mercenaires en Syrie et en Irak. Il nous faut donc garder la tête froide et ne pas se prêter au jeu, un jeu malsain et dès le départ truqué. En mettant en avant un argument d'une grande simplicité (la thèse houellebecquienne en somme), l'argument machiavélique et machiavélien qu'il n'y aurait d'autre choix qu'entre l'Islamisme et l'Occident, on met en avant la vraie terreur, la terreur occidentale elle-même qui affirmait avec Thatcher « there is no alternative" ou qui dans un raccourci gigantesque ose dire que refuser la terreur islamiste, c'est aussi refuser Poutine !

dimanche, 11 janvier 2015

Je suis Ahmed

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